©Arnaud Contreras |
Je prolonge ici mon billet "Arnaud Labo… où tentative de non-épuisement au carrefour de la République… et de la lutte !" Principalement pour répondre aux commentaires d'Étienne/Syntone.
"L'intérêt de réaliser cette forme en direct"
Je ne suis pas du tout spécialiste du son, si tenté que je sois "spécialiste" de l'écoute. Les arguments d'Etienne, spécialiste du son, sont peut-être valides, mais n'ont pour moi en rien altéré l'écoute au point que ces "détails" auraient pu la perturber. J'ai commencé mon écoute en voulant jouer le jeu de cette forme d'"invention" d'un documentaire (que j'ai sûrement mal nommé en l'appelant "en live"). Pourquoi ?
D'abord, parce que pour connaître Contreras, je savais qu'il avait été à la République (Place de, Paris), chaque jour, et qu'il avait enregistré le mouvement (1) au réel d'un temps long de présence. Ensuite parce que, bien que j'écoute tous les soirs en flux et en continu Radio Debout, j'ai tout de suite été captivé par ses choix, ses "collages", son mixage (réalisé et mixé par Julie Beressi) au point de me sentir à la fois dans le reportage et dans le documentaire (2). Le reportage c'est bien "l'esprit et la lettre" de ce que j'entends sur Radio debout. Le documentaire c'est son montage léché, tonique qui met en valeur le mouvement pas le documentariste, "effacé" derrière ce qu'il ne fallait surtout pas louper : "la parole libérée".
© Gilles Davidas |
D'autre part, ce qui m'a plu, c'est l'exercice du direct avec sa part d'hésitations (jamais perceptibles mais "présentes"), d'émotions, et d'engagement "à chaud". Ces trois situations pouvant créer de petites imperfections, dérisoires au point de passer "inaperçues". Mais elles m'ont rappelé quelque chose de magnifique. Daniel Mermet, qu'on glorifie au point d'en oublier qu'avant "Là-bas si j'y suis" il avait ciselé ses émissions de radio, a quelquefois "trébuché" dans l'Oreille en coin. L'Oreille en coin, soit 13h de programmes, du samedi midi au dimanche soir, dans un laboratoire radio que d'aucuns ont appelé "la radio dans la radio"…
Pour ces très jolis contes "Dans la ville de Paramaribo il y a une rue qui monte et ne descend jamais" (3) il lui est arrivé d'être en direct et, Daniel d'agiter ses mains tout en parlant, car le morceau de musique, choisi par lui comme insert, et diffusé à l'antenne n'était pas… le bon. Numéro d'équilibriste, réalisateurs crispés (Garretto/Codou) techniciens tendus. Mermet relevait le défi, celui-là et bien d'autres et, l'auditeur, n'y entendait presque rien de dissonant.
Contreras a mené une tentative, un jeu radiophonique, une pirouette et surtout une autre façon d'appréhender le documentaire, en le sortant un peu de sa gangue qui le fige dans un mausolée trop souvent normé.
©Arnaud Contreras |
Le 5 à 7
J'ai écrit, dès la formalisation de cette tranche à l'antenne, ce que j'en pensais et les risques que cela pouvait comporter. Je n'y reviendrai pas. Par contre, je pense que pour ce genre de "Spéciale" il aurait pu être proposé deux choses innovantes.
1) Demander à Dominique Rousset "Les carnets de l'économie" (17h55), exceptionnellement de ne pas être à l'antenne, ce qui aurait permis de "mettre là", la discussion Contreras/Gardette,
2) "Casser la grille" au point de proposer 5 jours consécutifs de "Spécial Nuit debout", en alternant les producteurs, en alternant les genres (reportage, docu, invités sur place, référents en studio,…). Et, de fait, aller plus loin que la "seule" création de Contreras. Et pourquoi pas, disposer pour le "documentaire", du "5 à 7" pendant toute une semaine ? Un genre de "Pays d'ici" (4) qui au lieu de scruter la campagne, scruterait la République (Place de, Paris).
C'est à ça que l'on mesure le formalisme qui "sclérose", bride la radio et l'emprisonne mécaniquement dans des grilles, des émissions et des formats qui ne demanderaient qu'à battre plus souvent à "l'air du temps". On court au chevet de Mandela alors qu'il n'est pas encore mort, et l'on garde ses distances avec un mouvement qui phosphore à 7km de la Maison de la radio.
Radio Debout (et ses petites sœurs) vont "obliger" les chaînes historiques à s'adapter à l'événement, avec de nouvelles formes de création, au risque d'être définitivement désertées par des publics qui dépasseront, de loin, celui segmenté et aux contours incertains de public "jeunes".
Sorry j'ai perdu lenom du créateur de cette photo ! |
(1) Je suis son compte Twitter où il dépose, entre autres, ses photographies,
(2) Je ne vais sûrement pas ici entreprendre une analyse sémantique des deux "genres"
(3) Le dimanche après-midi vers 14h10 je crois, ou peut-être 15h10, (L'Oreille en coin, 1968-1990),
(4) Programme inventé par Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture (1984-1997), pour, à la fois faire connaître la chaîne dans les Régions, et "sortir de Paris",
(4) Programme inventé par Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture (1984-1997), pour, à la fois faire connaître la chaîne dans les Régions, et "sortir de Paris",
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