lundi 11 avril 2016

L'an 02 : lundi 42 mars… la poésie est dans la rue

©Gilles Davidas, la République nous "écrit", 42 mars, Paris














18h45. En live sur Radio Debout, le groupe électrogène n'arriverait pas jusqu'à la République (place de, Paris). Blocage par les gendarmes à chaque "entrée" de la place. Gilles Davidas, reporter a déjà fait quelques photos des mots qui "volent". Plus gros dispositif policier. la sono est empêché d'approche… "Le jardin debout est à genoux. L'idée c'est qu'il n'y ait rien qui dépasse." Et, "la méthode castor… on reconstruit". "Il y a beaucoup de monde à cette AG… Tout est assez précaire !"… "Je suis épatée par la sagesse de ce mouvement…"… "Aujourd'hui l'être humain n'est plus au cœur de la société" … "La dame à l'arbre ne plantera pas son arbre aujourd'hui." 

En l'absence de sono, l'AG reprend à plusieurs voix, "à la criée", les propos de l'"orateur". La parole ouverte, la parole démultipliée. 

"Radio debout en mode camping", "On essaye de mettre un recyclage sur la Place avec des poubelles de recyclage de verre", "C'est pas parce qu'on a des difficultés techniques qu'on va arrêter". "Le commissaire de police ne veut pas prendre la responsabilité de faire entrer le matos sur la place. On avait une autorisation, mais il n'y a pas d'arrêté pour l'empêcher"



19h30. "Libérez la sono, libérez la sono…" Plusieurs cars de CRS bloquent les entrées. Plusieurs personnes se sont regroupées pour scander "Libérez la sono",  Il y a beaucoup de journalistes et les micros de Public Sénat, de France Inter… "Manifestement" (joli mot) "Libérez la parole" scandée devant les fourgons de la gendarmerie. Les fourgons entourent les cars de CRS. Les boucliers et les casques sont sortis. il ne faudrait pas arriver à un point de non retour". "Les fourgons entourent la Place de la République. Cet "amassement" des manifestants autour des policiers est la conséquence de l'empêchement de laisser "entrer" le matériel.

"La parole elle est à qui ? La parole elle est à nous"
"S'écouler vers la police, comme un fleuve qu'on peut pas arrêter" "Mais que fait la police, au voleur !""On va recouler" et non pas roucouler ;-) "Être scandaleux c'est dire aujourd'hui ce que tout le monde dira dans dix ans (La commission "Féministe")"



19h50 "La sono est en train d'être installée"… "C'est un bruit qui court" et c'est pas Antoine Chao qui le dit. "La sono est en route" "On a du mal à vous faire entendre… Des poireaux à ma droite, beaucoup de gens, des sacs à dos. On contourne le cercle de parole A priori la sono est là parce qu'on entend bien les gens" 

20h00 "L'immense respect que vous avez pour les sourds et ce que vous faites pour ça. Le fait que vous rendiez public les millions et les millions de paroles. Nous sommes des millions à en avoir ras-le-bol, mais hier soir nous n'étions pas des millions. Ce que vous avez commencé il faut que vous le continuiez jusqu'à ce qu'on soit des millions."



Work in progress…

Léo Ferré écrivait et criait:
"La poésie est dans la rue
Bipède volupteur de lyre
Epoux châtré de Polymnie
Vérolé de lune à confire
Grand-Duc bouillon des librairies
Maroufle à pendre à l'hexamètre
Voyou décliné chez les Grecs
Albatros à chaîne et à guêtres
Cigale qui claque du bec

Poète, vos papiers !
Poète, vos papiers !




J'ai bu du Waterman et j'ai bouffé Littré
Et je repousse du goulot de la syntaxe
A faire se pâmer les précieux à l'arrêt
La phrase m'a poussé au ventre comme un axe
J'ai fait un bail de trois six neuf aux adjectifs
Qui viennent se dorer le mou à ma lanterne
Et j'ai joué au casino les subjonctifs
La chemise à Claudel et les cons dits " modernes "
Syndiqué de la solitude
Museau qui dévore du couic
Sédentaire des longitudes
Phosphaté des dieux chair à flic
Colis en souffrance à la veine
Remords de la Légion d'honneur
Tumeur de la fonction urbaine
Don Quichotte du crève-cœur
Poète, vos papiers !
Poète, Papier !


Le dictionnaire et le porto à découvert
Je débourre des mots à longueur de pelure
J'ai des idées au frais de côté pour l'hiver
A rimer le bifteck avec les engelures
Cependant que Tzara enfourche le bidet
A l'auberge dada la crotte est littéraire
Le vers est libre enfin et la rime en congé
On va pouvoir poétiser le prolétaire
Spécialiste de la mistoufle
Emigrant qui pisse aux visas
Aventurier de la pantoufle
Sous la table du Nirvana
Meurt-de-faim qui plane à la Une
Ecrivain public des croquants
Anonyme qui s'entribune
A la barbe des continents
Poète, vos papiers !
Poète, documenti !
















Littérature obscène inventée à la nuit
Onanisme torché au papier de Hollande
Il y a partouze à l'hémistiche mes amis
Et que m'importe alors Jean Genet que tu bandes
La poétique libérée c'est du bidon
Poète prends ton vers et fous-lui une trempe
Mets-lui les fers aux pieds et la rime au balcon
Et ta muse sera sapée comme une vamp
Citoyen qui sent de la tête
Papa gâteau de l'alphabet
Maquereau de la clarinette
Graine qui pousse des gibets
Châssis rouillé sous les démences
Corridor pourri de l'ennui
Hygiéniste de la romance
Rédempteur falot des lundis
Poète, vos papiers !
Poète, salti !



Que l'image soit rogue et l'épithète au poil
La césure sournoise certes mais correcte
Tu peux vêtir ta Muse ou la laisser à poil
L'important est ce que ton ventre lui injecte
Ses seins oblitérés par ton verbe arlequin
Gonfleront goulûment la voile aux devantures
Solidement gainée ta lyrique putain
Tu pourras la sortir dans la Littérature
Ventre affamé qui tend l'oreille
Maraudeur aux bras déployés
Pollen au rabais pour abeille
Tête de mort rasée de frais
Rampant de service aux étoiles
Pouacre qui fait dans le quatrain
Masturbé qui vide sa moelle
A la devanture du coin



Poètes .... circulez !
Circulez poètes ! 
Circulez !  
Léo Ferré

19h, 42 mars, ©Gilles Davidas
J.C. Cambadélis "Il faut des CRS debout…" France Info, ce matin

"On a un accès à un groupe électrogène" ©Radiodebout





























©Radiodebout

Mouv' au chaud ! Comme quoi le statut officiel…






























Les photos sont de ©Gilles Davidas

2 commentaires:

  1. elles sont très belles les photos de Gilles Davidas.
    plus beaucoup de temps pour vous lire en ce moment, Fanch. Mais le relais que vous faites, heureusement qu'il existe.
    a bientôt, debout !
    Nanou

    RépondreSupprimer