Un groupe de rock… au Golf ! |
À grand renfort de salamalecs, le fringant directeur de la chaîne annonça, roucoulant tel le pigeon, qu'à compter de dorénavant il faudrait composer avec celle qu'il avait choisi pour prendre en charge les programmes de France Culture… Suspens torride, roulements de tambours et mouchoirs jetables. On entendit, alors que les mouches s'étaient mises en grève, prononcer le nom de l'élue. Et, je me souviens comme si on y était, dans la salle en amphithéâtre (de boulevard) un ancien toussa. Une toux d'a-propos. Une toux de vieux briscard à qui on ne l'a fait pas !
Sandrine Treiner, en moins de temps qu'il ne faut pour désannoncer une fiction avec trente comédiens, deux lectrices, deux réalisateurs, cinq techniciens et un raton laveur, venait d'être adoubée par le Prince. Inconnue absolue au bataillon de la radiophonie, la dame en reprit une couche avec l'intervention pathétique (vous choisirez si vous voulez un autre adjectif finissant par "ique") de Jean-Luc Hees, le grand manitou de Radio France en ces temps lointains de début de décennie. On (je) n'avait pas compris que très vite elle choisirait son titre de "Directrice éditoriale". Autant dire qu'on allait voir ce qu'on allait entendre !
Gaité Lyrique, in Paris |
Acte II, scène I
Alors que ledit Hees eût aimé poursuivre son mandat, voilà que le CSA
Disons que les directeurs de chaîne n'avaient pas l'habitude d'être supervisés éditorialement par un directeur. Imaginez donc ce que ça faisait à la directrice éditoriale de France Culture de devoir rendre des comptes éditoriaux à son supérieur éditorial. Eddy lui même y aurait perdu son argot, Toto !
Toujours est-il (ah enfin, tu y viens Fañch, parce que ton préambule, pardon. Pardon mais il était un peu long, Léon !) que cette emprise éditoriale a des effets dévastateurs sur l'autonomie créative et imaginative des producteurs et des réalisatrices et des productrices et des réalisateurs ! Vouloir tout contrôler jusqu'au moindre détail "éditorial" casse le principe même de ce qui faisait le sel de la radio et de celles et ceux qui la produisaient ! On en a vu récemment les effets néfastes par exemple dans l'émission "L'Expérience".
Cette main-mise éditoriale participe aussi, de fait, à la mue de la radio. Chacun des responsables éditoriaux s'entourant de bons petits soldats et soldates pour, au plus près, qu'ils se mêlent d'un montage, d'un découpage, d'un séquençage ! Pardonnez-moi de citer ce moment radiophonique invraisemblable. En janvier 1978, Alain Veinstein vient de créer "Les nuits magnétiques". Il a envoyé Pascal Dupont à New-York. Il ne lui a pas donné d'instructions ni d'impératifs de tournage. Dupont rentre, monte, mixe et avec son réalisateur, Bruno Sourcis, il propose à l'antenne cinq épisodes dont aucun n'a la même durée. C'était ça "Les nuits magnétiques" ! Autant dire une façon artisanale, inventive, collective, imaginative de faire de la radio (4).
Acte III, scène I
Aujourd'hui ce sont les chefs (les cadres) qui imaginent, au mépris total de la création et de l'art radiophonique ! Ils se sentent des ailes pour influencer un sujet, un angle, un point de vue et la forme même du documentaire, du reportage ou de l'émission… O tempora, o mores. Rideau !
(1) Ça ne s'invente pas un lieu pareil, hein ?
(2) J'ai été élevé par Gotlib (dessin ci-dessus) et Renaud, oh oh oh !
(3) 2006-2009, nommé par Jean-Paul Cluzel, Pdg,
(4) Ce même principe que Thomas Baumgartner proposera dans "Les passagers de la nuit" (2009-2011).
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