Bon c'est important la grève à RF mais bon… pas à la une quand même ! |
"L'immobilisme n'est pas à l'ordre du jour"
Le titre de l'article du JDD reprend une formule que Veil cite au cours de l'interview. C'est assez navrant de lire qu'une responsable d'entreprise publique considère comme de l'immobilisme un mouvement de salariés qui n'entendent pas être jetés avec l'eau du bain d'un projet stratégique dont l'objectif impératif est un "plan de réorganisation" dont on mesure qu'il va participer à la casse progressive du service public audiovisuel.
Veil récite son bréviaire, sans état d'âme, sans inflexion, sans la moindre empathie pour la radio. Glaciale, austère, formatée. Cet article n'apprendra rien à qui s'intéresse à la radio publique. Lundi dernier elle envoie un mail à tous les salariés pour assurer la tutelle de sa gestion impeccable du conflit. Dimanche, avant une semaine décisive, elle va ravir le lectorat CSP+ du JDD. Dommage que Laurent Guimier (ex-Radio France, ex-Europe 1) ne dirige plus la radio généraliste du groupe Lagardère, Veil aurait peut-être pu faire d'une pierre deux coups !
La numérique, forcément numérique, Vraie Méthode Coué (en sautoir) !
À la question sur le rapport entre participation à la grève et perturbation des antennes Sibyle Veil répond : "…comme dans d'autres services publics, il ne doit pas y avoir de disproportion entre mobilisation réelle et mobilisation ressentie. C'est pourquoi la direction a rappelé cette semaine les modalités de grève… dans le respect du travail des non-grévistes et des auditeurs, qui sont en droit d'attendre une continuité du service public."
La formule choc est lâchée "continuité du service public". Au pied de la lettre si les programmes sont en continu, où peut s'exercer le droit de grève ? Chacun a pu depuis trois semaines entendre des matinales, des flashs d'infos, des émissions et un flux musical toutes chaînes confondues ! La rengaine archi-connue des empêcheurs de grève pour le personnel des services publics est ici avancée pour la radio. Il ne sera pas dit que Veil ne sera pas le "serviteur" exemplaire de l'État !
"Envisagez-vous l'abandon de votre projet stratégique et du plan de départs volontaires qui l'accompagne ?" (2) Veil : "Non, ce serait irresponsable… L'immobilisme n'est pas à l'ordre du jour. Ce projet prépare l'avenir de Radio France, il n'y a pas d'alternative." Alternative, confirme que rien n'est négociable alors que quelques phrases plus tôt la Pédégère assénait : "beaucoup de sujets restent sur la table des discussions." Des discussions dans le sens unique des départs volontaires et de la réorganisation de l'entreprise ! Autant dire une espèce de monologue autocrate, non ?
J'ai claqué 1,90€ et gâché en partie ma soirée de dimanche à écrire ce billet. La propagande de Sibyle Veil qui doit assurer/rassurer les tutelles et le gouvernement ressemble à un exercice de motivation marketing pour des vendeurs qui n'auraient pas complètement assimilé les effets bénéfiques de la soupape sur le nouvel autocuiseur (à commandes numériques, forcément numériques). Las, il semble bien que Veil n'ait pas bien évalué les effets cocotte-minute que son management inflige au personnel. Gaffe, en l'absence de soupape l'explosion est imminente…
(1) On notera les éléments de langage d'un vocabulaire jusqu'alors réservé à la météo. À moins que Madame Veil ne se destine à diriger "Météo France" ?
(2) On notera l'audace et l'outrecuidance des deux journalistes, Rémy Dessarts et Cyril Petit, qui n'ont pas peur de déstabiliser la Pédégère.
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