vendredi 28 septembre 2012

Pentimento…

J'aime cet instantanné !







Le voici, le voilà. Je n'ai pas réussi sur le player de l''Ina radio (1) à écouter l'émission que Paula Jacques a consacrée à Kriss Graffiti, le dimanche 24 novembre 1991, et c'est la raison pour laquelle je n'ai pu publier hier un billet sur le sujet. Après avoir mis à contribution Hervé Hist (2) pour me sortir de ce pétrin, j'ai fini par capter (sans parasite) ce Pentimento "exceptionnel".

C'est un dimanche de novembre, le mois noir, et Kriss vient nous donner un peu de sa lumière. Paula Jacques, animatrice et productrice de radio à France Inter, reçoit sa consœur Kriss qui vient d'accoler Graffiti à son pseudo de rêve. Inventé pour être libre vis à vis de l'engagement politique de son père Georges Gorce (3). Paradoxe d'une situation : Paula Jacques invite Kriss pour parler de son "dernier" livre (4), n'en parlera presque pas (un tout petit peu en fin d'émission), pour finalement beaucoup parler "autour". Bien sûr pour qui aime Kriss c'est savoureux. Et c'est une Kriss absolument elle-même qu'on entend. Simple, franche, joyeuse, libre et pertinente. Elle ne joue ni l'écrivaine, ni la star de radio. Elle ne joue pas. Elle est Kriss. C'est suffisamment exceptionnel, particulièrement quand on exerce une fonction médiatique, cette honnêteté vis à vis des autres comme vis à vis de soi-même, qu'il faut bien le souligner.

Paula Jacques conduit son émission à sa guise mais a sans doute un peu raté le coche en voulant "enfermer" Kriss dans un déroulement un peu trop stéréotypé (5). Si Kriss, évoquant sa jeunesse, précise qu'elle n'écoutait pas du tout la radio, elle insiste sur l'écoute de chansons et particulièrement une qui l'a vraiment troublée. "Cœur de palmier" de Charles Trenet. "C'était fabuleux, je pouvais l'écouter deux milliards de fois, elle faisait un peu peur. Trenet délire. C'était mystérieux et impressionnant. Je ne l'ai pas réécoutée depuis des siècles…" Et là Marie-Christine Thomas, la réalisatrice, envoie la chanson. Un petit bijou ciselé et théâtral à la Trenet. Des jeux de mots. Des mots appuyés, joués, moqués qui, à eux "seuls" font toute une histoire. La chanson se termine et Paula Jacques change de sujet.

Quel dommage ! Cette chanson aurait permis à Kriss d'exprimer tout son univers onirique, fantastique, érotique, dramatique, poétique… Il fallait rebondir sur cette chanson et Kriss nous aurait d'elle-même entraîné dans la matière de son roman. À trop suivre un conducteur (d'émission) ou de ne pas assez prendre la fibre de son invité (quand bien même, exercice difficile, c'est une consœur) on fait passer l'auditeur à côté d'une intimité que Kriss, par petites touches, aurait su dévoiler, à la mesure de sa pudeur et de ses secrets. Paula Jacques semblait au-dessus ou "à côté" mais pas "avec". Pentimento c'est le repentir en peinture. Et le repentir il est là : la galaxie Kriss est inexplorable en 55mn. Plutôt que de prendre le parti de tout explorer, fallait-il sans doute se contenter d'essayer d'attraper une poussière d'étoile ?

(1) Ce player "archaïque" qui promet de belles choses ne permet pas de choisir parmi la sélection proposée l'émission que l'on aimerait écouter en priorité. Il ne permet pas non plus les retours en arrière ni même l'avance forcée, voir billet ici,
(2) Passionné de radio qui réalise l'audioblog "Atlantic",
(3) Différentes fonctions politiques (maire, député) mais aussi Ministre de l'Information du Général de Gaulle en…  1968,
(4) Le fils de la tortue, Acropole, 1991,
(5) Je reviendrai prochainement sur "l'art de l'écoute" qui fait pendant à l'art radiophonique et qui renvoie au billet "De l'œuf ou de la poule".

2 commentaires:

  1. Très beau billet sur Kriss et pertinente analyse d'une émission.

    "Personne n'est irremplaçable " ? Si, Kriss. Unique dans la galaxie radiophonique.

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    1. Hey, M'sieur Philaunet, c'est dimanche et le dimanche c'est le jour de Kriss par excellence.

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