mardi 21 juillet 2015

Les radios régionales… 13/24

Ndlc: France, patrie du mille-feuilles

















Un feuilleton d'été en 24 épisodes, du mardi au vendredi
par Gérard Coudert


13. Grandeur et décadence…
Au cours des années 70, du temps de l'Ortf (1), la station radio Alpes-Grenoble (2) et les activités télévisuelles des Alpes et du Dauphiné dépendent de Lyon, siège de la région Rhône-Alpes. C'est une configuration que l'on retrouve partout en France où radio et télévision s'organisent selon 11 régions, à Lille, Paris, Nancy, Strasbourg, Rennes, Dijon, Limoges, Lyon, Bordeaux, Toulouse et Marseille. Autour de ces grands centres, gravitent encore quelques satellites comme Grenoble, Montpellier, Nice… héritage de la grandeur passée ! Notons sans trop nous étonner, qu'à peu de chose près ce découpage ressemble comme un frère à celui des années 30 : l'on y a rajouté la Lorraine où à la Libération une radio avait vu le jour après les autres, pour passer sous tutelle de l'Etat en 1945.

Dans ce contexte, l'Office gère à la fois radio et télévision dont les collaborateurs sont souvent les mêmes. Le développement inévitable de la télé obère celui de la radio régionale ; chaque station veut son Journal Télévisé (Grenoble l'aura en juin 1982) mais la télé coûte cher. Les budgets ne sont pas extensibles. Et puis… la mode radiophonique comme celle du bon peuple de France évolue : devant l'offre des programmes nationaux - radios périphériques comprises - l'auditeur que l'on ne sait plus fidéliser dans les régions par une présence régulière, se détourne. 

Depuis la Libération et la fondation de la Radiodiffusion française par l'ordonnance de mars 1945, les diverses directions sont animées par un désir irrépressible de tout maîtriser. Fortes du monopole, elles n'ont guère eu le goût d'ouvrir de nouveaux micros en Province ! Les stations régionales en 1970 ne sont plus que des bases avancées au service des rédactions parisiennes. Lassés de se morfondre dans des radios moribondes,
animateurs et journalistes se laissent séduire par la télé ou rêvent de "monter à Paris"

Malgré tout, quelque chose qui tient de l'entêtement gaulois d'Astérix dans son petit village reculé, quelque chose résiste. S'appuyant sur l'expérience de généreux anciens, apparaît une nouvelle génération d'animateurs, de journalistes et d'agitateurs radiophoniques… Diversement nourris par les souvenirs de leurs parents - de "Signé Furax (3) à Michel Strogoff "(4de Jules Verne, en passant par "La famille Duraton" (4) ou "Les nuits du bout du monde" de Stéphane Pizella (5)… - se relevant à peine des rêves de Mai 68 que retransmettait Europe 1, agités par les échos de Woodstock (ndlc : le festival de musique d'août 1969, État de New-York), ces nouveaux venus entendent faire de la radio…

Que l'on ne se méprenne pas : sans l'accord de Directions régionales intriguées et curieuses, sans l'aval de quelques chefs de services locaux parfois complices, rien n'aurait survécu. Dans le cadre contraignant de "décrochages" sur l'antenne nationale (au mieux une petite matinale, une matinée, un journal et un magazine à midi…) les programmes se mettent à l'air du temps, s'ancrent résolument dans le régional et obtiennent une audience (6) que ne dénigreraient pas certaines stations d'aujourd'hui !

Demain "Fip, première époque"…

(1) Office de Radiodiffusion Télévision Française, né en 1964,
(2) Radio Alpes-Grenoble, station des PTT ouverte en 1927,
(3 De 1951 à 1952 à la RTF, de 1956 à 1960 sur Europe n°1,
(4) Radio Luxembourg (RTL),1962,
(5) Poste Parisien puis France Inter,
(6) On parle alors d'une audience qui tourne autour de 14% pour FR3 Radio.

© Gérard Coudert/Radio Fañch

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