mercredi 22 juillet 2015

Les radios régionales… 14/24

Kriss (Graffiti) joue de sa voix…


















Un feuilleton d'été en 24 épisodes, du mardi au vendredi
par Gérard Coudert


14. FIP : première époque (*)
Dans une histoire de la radio régionale, comment ne pas évoquer les FIP ? Originales par leur mode de diffusion, inclassables, ces stations à l'audience modeste recueillent cependant un réel succès d'estime. L'absence de bavardage inutile, le fil musical continu, les voix tranquilles de "Fipettes" qui à de rares exceptions restent anonymes, leur ont permis d'entrer discrètement dans les salons de coiffure, les galeries commerciales, les taxis… Entre Fip et son auditoire s'est créé un lien affectif qui a donné naissance à quelques associations de fans ; associations qui ne manquent pas de se faire entendre (à défaut d'être écoutées) lorsque quelques menaces assombrissent l'avenir.

C'est en 1971 que débute à Paris ce nouveau programme : FIP 514 (1). Roland Dhordain, inventeur en 1952 d'Inter Service Route, en a confié le montage aux producteurs duettistes de l'Oreille en coin, Codou et Garetto. On a toujours eu à la radiodiffusion, la tentation de proposer des programmes spécifiques pour répondre à ce que l'on imagine des besoins particuliers d'un auditorat classé en catégories multiples. Avec Fip 514, c'est d'abord aux automobilistes Parisiens que Dhordhain entend donner des informations sur la circulation et la vie de la cité, tout en leur faisant passer le temps agréablement… 

On connaît le principe : un programme musical de qualité, remarquablement conçu (cohérence thématique, tonalité, enchaînement…) et des voix féminines, type hôtesses d'aéroport pour ne pas stresser le client et le faire rêver. Un tantinet machiste (2) cette affaire, mais là n'est pas notre propos… Fip 514 est une radio locale… Mais quitte à proposer de l'information de proximité, pourquoi ne pas l'étendre à d'autres agglomérations ? 

Ce qui préside au développement de Fip à partir de 1972, c'est l'idée d'accompagner au long de son trajet le voyageur qui se rend de Paris en province, lui offrant un programme musical continu (3), des voix qui ont toutes un air de famille et des informations locales qui ne différeront d'une ville à l'autre que par les lieux évoqués. Dans le désert radiophonique où se trouvent les différents "pays" du territoire, puisque l'Ortf n'a pas encore de réseau régional digne de ce nom, voilà qui est alléchant. Ainsi vont s'ouvrir en 72 les Fip de Bordeaux, Reims, Metz, Lille, Marseille, Lyon puis Toulouse en 73. L'extension se poursuit à Nantes en 74, Strasbourg en 78… 

Neuf Fip au cours d'une première étape qui semble s'essouffler et que contrarie l'apparition des radios dites libres : dynamiques, jeunes, musicales souvent, ancrées dans le terroir, les nouvelles venues détournent une partie de l'auditoire. L'audience de Radio France qui accuse une baisse préoccupante oblige à chercher de nouvelles stratégies pour reconquérir le terrain perdu, à ouvrir de nouvelles perspectives dans une société française qui pressent pour bientôt la fin du monopole de la radio du Service public.

[* Note de l'éditeur : Les auditeurs passionnés pourront retrouver sur ce blog un "dossier" complet sur Fip en plusieurs billets répertoriés et 6 épisodes supplémentaires ici,]

Demain "Éclatement : vous avez dit ORTF ?"…

(1) Emission sur 514 m OM en région parisienne sur un émetteur relais de France Inter.
(2) La première Fipette de l'histoire radiophonique est une "Radiolette" en 1923 sur Radiola qui invente la voix féminine anonyme. Il s'agit de Denise Séverin-Mars, comédienne qui a fait quelques apparitions dans le cinéma muet (!) dont le rôle de l'impératrice Marie-Louise dans L'Agonie des aigles de Dominique Bernard-
Deschamps et Julien Duvivier (1922).
(3) Programme commun à toutes les Fip, diffusé de Paris, automatisé : les "Fipettes" qui suivent la programmation sur un écran interviennent localement en appuyant sur une pédale pour ouvrir le micro…

© Gérard Coudert/Radio Fañch

4 commentaires:

  1. Non, un automobiliste qui se rend de Paris en Province ne peut et n'a jamais pu écouter Fip pendant son trajet, les émetteurs étant strictement urbains.
    Non, l'appellation «Fipette» n'a été couramment utilisé qu'à partir des années 90.
    Non, le programme n'est pas automatisé, il est diffusé en direct. 
    Non, les animatrices ont le choix entre bouton, souris et pédale pour intervenir sur le programme.
    Non, les associations d'auditeurs ne sont pas composées de «fans», mais d’usagers et leur indéfectible soutien vaut à un certain Fip de région d’avoir "survécu".
    Non, il n’y a pas que chez les coiffeurs que l’on écoute Fip, on l’entend également dans les ascenseurs !
    Tout ceci dans le désordre, comme ton papier mon cher Gérard, pétri de présentisme et non dénué de mépris, hélas ! Yolande Brun

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  2. Bigre... une conclusion bien peu aimable !
    Mais peu importe, chère Yolande : ce qui me chagrine le plus, c'est que tu me fais dire ce que je n'écris pas, cherchant à me contredire à tout prix. Pour quelle raison d'ailleurs ? C'est bien étrange, à moins que parler de FIP avec un minimum de recul soit devenu tabou...
    Non, par exemple, je n'ai pas écrit qu'un automobiliste qui se rend de Paris en Province peut écouter Fip pendant son trajet... Il se trouve cependant que cette idée, qui a bel et bien existé, alimentait les conversations de certaines réunions auxquelles j'ai pu assister en 1972. Ce qui ne veut pas dire que cela s'est effectivement réalisé...
    Et je tiens à ma "Radiolette" de 1923 !! Si j'écris que c'est la première "Fipette" de l'histoire de la radio il n'est pas difficile de comprendre !
    Pour le reste...
    Eh bien pour le reste je t'invite à relire posément cette chronique ; tu te rendras compte que je n'ai aucun mépris et que je tente de poser un simple regard interrogateur sur le passé pour alimenter une modeste réflexion sur le présent (et peut-être sur l'avenir, qui sait).
    Donc point de "présentisme", au contraire... (Sommes-nous au moins d'accord sur le sens de cet abominable néologisme ?)

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  3. Bonjour,
    Auditeur et observateur de Fip depuis longtemps, j'ai été surpris par plusieurs points dans ce papier qui analyse le passé à la lumière du présent en mélangeant les deux sans en avoir conscience et avec quelques approximations. Le 1er commentaire, qui vit les choses de l'intérieur le confirme clairement.
    Mais il s'agit d'un premier épisode apparemment. Le 2ème remettra peut-être les pendules à l'heure.
    Ecrire et analyser pour donner à comprendre sont des choses difficiles quand on veut rester sur un terrain purement journalistique: sans effet de style et sans prendre parti.
    Bonne continuation
    Philippe Guihéneuf

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    1. Je ne me place surtout pas sur un terrain journalistique !! Et cette "chronique" s'inscrit parmi 24 autres...

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