mercredi 29 juillet 2015

Les radios régionales.… 18/24





















Un feuilleton d'été en 24 épisodes, du mardi au vendredi
par Gérard Coudert


18. FIP : deuxième époque
Né en 1971 avec la création de Fip 514, le réseau de Fip s'est développé avec l'ouverture de 9 stations jusqu'en 1978. Mais déjà, le phénomène des radios libres a gagné l'hexagone ; dans le contexte d'une concurrence inattendue, ou à laquelle on ne voulait pas croire, on se rend compte que Fip n'est pas une réponse suffisante. Emerge alors à Radio France une nouvelle stratégie, avec l'expérience des radios locales que l'on implante pour commencer en 1980 à Laval, à Lille et à Melun. Stratégie offensive : on parle déjà d'une une station dans chaque département1

D'évidence, on ne peut pas tout faire ! Pour des raisons d'ordre économique et d'autres liées à la gestion des fréquences, Radio France va discrètement mettre un terme à l'expansion du réseau Fip. Le développement des Radios locales telles que les imaginent Jacqueline Baudrier en 1980 et ses successeurs, bouscule celui des Fip dont on dit à voix basse qu'ils sont, si ce n'était leur excellent programme musical, en concurrence avec les nouvelles stations. C'est évidemment exagéré mais cette rivalité va jusqu'à créer ici ou là quelques conflits d'influence sur la couverture d'événements locaux ou leur parrainage.

Deux stratégies se contrarient, la première née sous un monopole protecteur, la seconde s'adaptant à un paysage audiovisuel nouveau, et bénéficiant d'avancées techniques non négligeables (RDS, informatisation, allégement des procédures de production…). A partir de 1980, Radio France répond au foisonnement des radios privées et consacre une grande part de son énergie au renforcement du réseau régional. La dernière implantation Fip selon la stratégie initiale est celle de Nice en 1982. Tours, en 1985, ressortit à une autre politique : plutôt que de fermer ce satellite de la station ex-FR3 d'Orléans, on le transforme en un "Fip Plus" (2) dans l'attente de l'ouverture de Radio France Tours (3)Même situation en Normandie, à Cherbourg, où l'on crée un "Fip Plus" en 86 qui préfigure Radio France Cotentin de 1987… Situation particulière encore à Reims d'où Fip disparaît dès 1988 au profit de la nouvelle station locale Radio France Reims (4)

En 14 ans, Fip a développé 12 stations hors Paris (20 fréquences en FM et 2 émetteurs OM), pour cesser de croître en 86. On l'a vu, le déploiement en réseau des Radios Locales de "plein exercice" (5) suit une logique qui va au-delà des objectifs dévolus à Fip. Avec le "Plan Bleu" (6) en 2000, et sous le prétexte d'une audience parfois trop faible, 5 de ces stations ferment définitivement… Ne restent aujourd'hui avec le Fip parisien que Bordeaux, Nantes et Strasbourg et… Et le goût amer d'un abominable gâchis…

Demain : "FR3, c'est aussi la radio"… 

(1) Projet utopique de l'époque de René Marchand, irréalisable financièrement et ne tenant aucun compte de la réalité socioculturelle de nos régions… La loi de juillet 82 n'en parle d'ailleurs pas…
(2) C'est un Fip dont le programme est renforcé par des flashs et des journaux d'informations locales, une revue de presse, un magazine…
(3) Radio France Tours ouvre en 1988,
(4) Pour devenir plus tard Radio France Reims Champagne, Radio France Champagne puis France Bleu Champagne,
(5) Expression interne qui désigne des programmes de 13 à 18 heures par jour,
(6) A l'initiative du PDG JM Cavada, le Plan Bleu réunit en réseau les locales de Radio France sous le nom de France Bleu, y intégrant la station Radio Bleue (destinée à Paris aux personnes d'un certain âge). C'est l'occasion d'une uniformisation des programmes et d'une extension des zones d'écoute par l'utilisation d'émetteurs jusque là réservés notamment à certaines stations FIP…

© Gérard Coudert/Radio Fañch

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