vendredi 24 juillet 2015

Ni fait ni affaire… (avec ou sans plan)

Philippe Caloni, journaliste et homme de radio, anchorman de la matinale de France Inter avec Gérard Courchelle au milieu des années 80 savait sourire du jargon carcéral qu'employait la radio pour définir ses cadres de travail : des chaînes, des grilles (de programmes), des cellules (de montage)… 


Patrick Balkany


















Le jargon qui vaudrait aujourd'hui serait celui du bizness : business plan, plan d'affaires, BBZ (Budget base Zéro) et autres acronymes stimulants. Stimulants pour un Pdg de Radio France, Mathieu Gallet, qui a défaut d'être capable après 15 mois de proposer un "plan stratégique" jargonne pour essayer de faire passer l'"impassable" voire l'impensable. Et voilà qu'arrive… Patrick Balkany. Véritable chevalier blanc et défenseur acharné, c'est bien connu, des dépenses publiques, ce zélé député a déposé hier à l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à la "privatisation de l'audiovisuel public". Rien moins.

Vite qu'on en appelle à la barre Giscard qui verra ainsi son grand-œuvre d'éclatement de l'ORTF s'achever en apothéose par la disparition définitive d'un foyer de gauchistes, trotskystes, et autres anarchistes pouvant atteindre à la sécurité de l'État (de siège) audiovisuel. Balkany enfonce le clou : "Par ailleurs, le manque d’objectivité et la partialité évidente de certains programmes diffusés sur ces chaînes publiques nous amènent à nous interroger sur le respect du devoir d'honnêteté, d'indépendance, de pluralisme de l'information et de l'expression pluraliste des courants de pensée, que le législateur avait également confié au secteur public, qui tend parfois à oublier ce devoir d’information objective au profit d’une information partisane."

On remarquera que pour balayer d'un revers de loi l'audiovisuel public Balkany se sert de la TV pour fusiller la radio : "En effet, la très grande diversité et qualité des programmes proposés sur les chaînes privées du câble et de la Télévision numérique terrestre (TNT) permettent de remettre en cause le maintien d’un audiovisuel public dépendant, au moins financièrement, de l’État. Ces chaînes privées très diverses permettent de répondre aux missions de « création » et de « production d’œuvres originales », « d’élargissement de l’offre des programmes et de développement de nouvelles techniques de production et de diffusion » que le législateur avait confié à l’audiovisuel public."

Et à la fin de l'envoi [il] touche
"Au regard de ces éléments et tirant toutes les conséquences de cette situation, cette proposition de loi vise à la privatisation des groupes généralistes de l’audiovisuel public que sont France Télévisions et Radio France, en excluant de cette privatisation les entités spécialisées ou au statut particulier que sont Arte France, France Média Monde, TV5 Monde et l’Institut national de l’audiovisuel (INA)."

Allez tout ça va alimenter les gazettes pendant tout l'été. À bon entendeur salut !


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