mercredi 22 janvier 2020

L'enfumage en sautoir… où les techniques de communication de Sandrine Treiner

De Sandrine Treiner et de quelque-uns/unes de ses prédécesseurs. La meilleure façon de faire avaler la pilule aux auditeurs pour les informer que "rien ne change" c'est de tout changer. À commencer par le documentaire. Pour arriver à ses fins et aux fins de la Direction qui comprime jusqu'à les étrangler les budgets, on rogne les moyens de la création radiophonique en faisant comme si…



Comme s'il n'était pas grossier d'écarter Irène Omélianenko (productrice, documentariste) coordinatrice des deux heures de "Creation on air" pour les remplacer par une heure de "l'Expérience". Comme s'il n'était pas grossier de mettre fin à "La Fabrique de l'histoire" et par voie de conséquence mettre fin à une heure de documentaire hebdomadaire.

La farce, la grosse farce
Sur son site en janvier 2019, France Culture écrit : "documentaire d’auteur et d’écriture sonore, L’Expérience est un espace libéré des genres radiophoniques (magazine, reportage, documentaire, fiction...), qui s’en affranchit ou qui les mêle. C’est un temps d’expression du singulier." Qui, en tout cas, ne s'affranchit pas de la sacro-sainte heure entre deux heures justes. "Creation on air" était singulier, comme aussi "Les passagers de la nuit" ou "Surpris par la nuit", autant d'émissions passées à la trappe et qui font diminuer d'autant la place accordée au documentaire. Malgré une communication positive, la production de documentaire et de création radiophonique continue de baisser. 

En 2018/2019 (1)
Heures de création diffusées sur la grille d'hiver : 37h de création classique et 5h d’Atelier de Création Radiophonique (ACR), au lieu des 56h de création classique et 9h d'ACR pour 2017/2018,
Heures de création en podcast diffusées d’abord sur le web puis à l’antenne sur la grille d’été : 5h30
• Au total 47h30 d'émissions "Création on air" puis "L'Expérience" ont été produites sur l'année 2018/2019. 17h30 d'émissions ont donc été perdues par rapport à la grille 2017/2018. 

Soit 420h d'enregistrement, 752h de montage et 140h de mixage en moins. Soit 1312 heures de production en moins. Ce qui représente aussi une économie de 21 000€ brut sur les cachets des producteurs.


En 2019/2020 (1)
Cette année sur France Culture pour la grille d’hiver 2019-2020, avec la fin de la Fabrique de l’histoire, c’est encore 1h hebdomadaire de documentaire qui disparaît, soit environ 32h de documentaire qui représentent aussi 768h de prise de son, 1664h de montage et 224h de mixage. Soit 2656 heures de production en moins. Et encore une fois une économie de 38 400€ brut sur les cachets des producteurs. 

En 2011, à l'occasion du Festival Longueur d'Ondes, Marion Thiba, documentariste rappelait ces chiffres éloquents : "en 1995 : 23 heures par semaine de documentaire, en 2000 : 4 heures". Et en 2011/2012 : 12h30 (source FC). C'est indéniable on fait déjà supporter depuis longtemps à France Culture des économies en direction de la fiction et des documentaires. Deux des fleurons historiques de la chaîne. Les annonces de d'Arvor ex directeur de la chaîne), non-suivies d'effet pour la création d'une plateforme documentaire sont restées lettre-morte.

Treiner dans une interview au Monde, le 23 décembre 2015, ne manque pas d'audace pour affirmer "Nous allons offrir un Netflix des savoirs». En titre Le Monde écrit, "Sandrine Treiner détaille le contenu du nouveau site, lancé le 29 janvier [2016], qui offrira, notamment, un portail consacré au documentaire." Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. Et le portail semble bien fermé à double tour !


France Culture se désengage massivement de ce qui justement fait sa singularité et, ni la roucoule de sa directrice, ni celle du chiffreur Laurent Frisch et encore moins celle de la Pédégère, Sibyle Veil, n'arriveront à nous faire prendre des vessies pour des lanternes ! Cet état de fait est le meilleur indicateur de ce que le plan de réorganisation va imposer aux chaînes de Radio France. Des réductions drastiques de moyens humains et matériels entraineront des réductions drastiques de création radiophonique au risque absolu que la singularité n'existe plus. 

Au risque alors que le législateur ou le futur groupe "France Médias" soient tentés de fondre "France Culture" avec une autre chaîne généraliste ou purement et simplement la rayer de la carte !



(1) Ces chiffres ont été établis par des réalisateurs et producteurs concernés par la création documentaire de France Culture,

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