Pour un dirigeant moderne, je veux dire pour un managère de moins de cinquante ans, il faut trouver le mot, les mots avec lesquels les médias caracoleront du matin au soir. Le hochet de Mathieu Gallet Pdg de Radio France (2014-2018) était "agile" qu'il plaçait à toutes les étapes de management. Après avoir essayé la "gazelle" en début d'année, Sibyle Veil, Pédégère de Radio France (2018-) va pour les semaines à venir imposer la "bascule" comme stratégie de court-terme pour, à la fois faire des économies, comme pour acter que la radio Mouv' n'a jamais été capable d'atteindre les 1% d'audience (1). Alors tant qu'à faire de trouver une solution radicale pour Mouv', la Pédégère dans sa lettre au personnel du 28 avril tire quelques plans sur la comète qui vont bouleverser la radio publique.
D'abord, Veil avance trois bascules : celle de Mouv' exclusivement en numérique abandonnant la diffusion hertzienne (2), une bascule stratégique, et la bascule des jeunes sur le tout numérique. À trop basculer ne risque-t-on pas de tomber… de haut ? La gazelle, si agile en janvier, a donc fini par basculer et fragiliser son équilibre. Car, on en est là, il s'agit bien de trouver l'équilibre pour les sept chaînes de radio publique sans tenter de proposer des numéros d'équilibriste. Assigner à une fréquence le label "jeunes", c'est prendre le risque d'un renouvellement permanent de l'éditorial, des équipes et des choix musicaux. Pour Mouv', les directions successives ont eu beau changer de cap, aucune n'a trouvé celui qui menait à bon port (3).
Profitant de ce choix stratégique original (personne n'a jamais rendu de fréquence à l'Arcom), "Radio France va en profiter pour acter la permutation d’une partie des fréquences entre France Musique d’une part, franceinfo et «ici» d’autre part" précise Mme Veil. Et tentant sans doute de réinventer l'eau chaude, elle annonce : "Nos marques radio les plus fortes sont une assise solide et performante pour conquérir des auditeurs plus jeunes et ce sont elles qui doivent porter directement la stratégie jeunesse de Radio France, en continuant de moderniser leurs formats, leurs incarnations et leur distribution notamment sur les réseaux sociaux." CQFD. En clair, Inter, Culture, Musique devraient intégrer des programmes jeunes.
Dans le cadre du Projet stratégique 2024 est affirmé : "Nous continuons l’hybridation de nos contenus et la stratégie du «produire moins, distribuer mieux ». Ce "Produire moins pour distribuer mieux", en creux, cela veut dire reconnaître les injonctions de la Cour des Comptes et de Bercy : trop de chaînes donc trop de masse salariale et… inversement. Une façon aussi, qui sait, de préparer les esprits à une fusion de chaînes entre elles ? Une avancée toujours plus insidieuse pour basculer la radio dans les limbes des plateformes.
Et, tant qu'à faire, elle ajoute : "Dans la lignée de l’objectif figurant dans notre projet stratégique de créer des expériences musicales différenciantes, nous créerons Fip illimitée !, une nouvelle destination d’écoute de la musique en ligne, 100% gratuite, 100% prescriptrice, 100% humaine, sous la marque la plus éclectique et la plus numérique de notre portefeuille [sic] (53% du volume d’écoute de Fip est réalisé sur le numérique, le taux le plus élevé du marché radio)." (3). Euh, Fip illimitée ! cékoi ? Fip Premium ? Fip+ ? Fip+ Premium ? Une façon adroite sans doute aussi de préparer Fip… à la bascule. Toutes ces bascules vont finir par faire ressembler la Maison de la radio à la Tour de Pise.
(1) À la rentrés 2014, pour la Conférence de Presse de rentrée, Mathieu Gallet imposait à "Le Mouv' (devenue Mouv') d'atteindre les 1% dans les six mois, auquel cas, si ce chiffre n'était pas atteint, l'antenne serait fermée. Mouv' n'a jamais atteint cette audience et malgré toutes les tentatives pour attraper "les jeunes" a dû se rendre à l'évidence que c'était mission impossible,
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