"Là à la place de la banque c'était le premier tabac de France car à l'époque ça fumait de partout !" témoigne Christianne Brousse. La mémoire est plus forte que tout. Aux images de l'usine, de la chaîne, des ateliers se superposent celles du quartier, lieu vivant, grouillant des 30/35 000 ouvriers de l'époque (années 60). Terrible d'entendre les témoignages des deux secrétaires (Christianne Brousse et Francine Jaeger) sur les conditions de travail (9h/jour), l'attitude du chef, la surveillance inquisitrice à la pause café, aux remontrances si elles parlaient avec les hommes, à l'interdiction de porter des pantalons ! Quelle époque !
"Le déclencheur de 68 chez Renault c'est la répression sur les étudiants" comme quoi l'onde de choc du 22 mars à Nanterre allait percuter toute la société. Émouvant le souvenir de Brousse syndiquée en avril 68 et faisant sa première manif' le 13 mai, éberluée par autant de monde de République à Denfert (Rochereau). "Après cette grève de mai, le fait que le Pdg lui-même déclare qu'il n'y aurai pas de retenue sur la prime (du fait de grève), ça a été un mouvement amplificateur qui a amené au 13 mai." témoigne Roger Sylvain, un ancien ouvrier.
"Le 16 mai, quand on a décidé d'occuper (l'usine) on était pas nombreux raconte Aimé Halbeher, il était dix-sept heures et la majorité des salariés disait "nous on rentre chez nous", on devait être un millier à occuper presque toute la nuit… Un certain nombre d'organisations étudiantes, le 17 mai, ont appelé pour venir occuper Billancourt avec les salariés. Si par malheur les étudiants étaient entrés dans l'usine c'était la catastrophe…" (1)
Jusqu'à la fin de la grève le 17 juin, où la reprise du travail a été votée. "J'ai votée contre, j'étais déjà minoritaire" raconte Christianne Brousse.
(1) Le 16 mai, les ouvriers de l'usine Renault de Boulogne-Billancourt cessent le travail, sans mot d'ordre syndical. Le mouvement est d'abord spontané, ce n'est que dans un second temps que des cadres syndicaux se rallient à la grève.
Un documentaire de Julie et Jean-Philippe Navarre, du 9 mai 2008.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire