samedi 26 avril 2025

Giono : un drôle de Provençal…

Je ne peux pas passer toutes mes nuits à écouter la radio… pas plus que je ne peux passer mes jours à dormir. Alors ce matin, avant que le jour ne soit encore levé, j'ai plongé dans un des épisodes d'une "Nuit Giono" qu'avait concocté, Philippe Garbit, en 2020. Je crois vous avoir déjà écrit que Giono me porte depuis les débuts de mon adolescence et même que je porte Giono sur mon dos, comme le sac du voyageur qui pour rien au monde ne se départirait de son trésor. Voilà donc "J'aime ce pays, je l'aime comme Swann aimait Odette, la Provence ce n'est pas mon type de pays" le huitième épisode de cette nuit spéciale…

Giono chez lui à Manosque ©Getty Images










J'aurai pu écouter cet épisode (3h02) d'avril 1995, produit et réalisé par Claude Mourthé, car à l'époque j'étais à fond dans les célébrations du centenaire de sa naissance et à quelques mois de me rendre en juin à un Colloque Giono à Sophia Antipolis… Cet après-midi là, radiophonique et "provençale", m'avait échappé. Heureux de pouvoir ce matin m'y rendre, un peu comme on se rend à une balade contée où à une sortie en mer. Yeux et oreilles grands ouverts. 

"La Provence que je décris est une Provence inventée et c'est mon droit. C'est un Sud inventé comme est inventé le Sud de Faulkner. Tout est inventé" confesse Giono à son ami Jean Carrière. "C'est un pays mystérieux, dramatique, étrange…. Il y a des endroits comme le plateau de Valensole qui semblent destinés à abriter des drames presque shakespeariens " poursuit Giono. Et Pierre Magnan d'évoquer le Contadour, "une joyeuse assemblée d'amis", dont on a dit tant et tant de choses qui se sont passées au milieu des années trente. Magnan (14 ans) et un ami à lui (16 ans) inventent un journal "Au devant de la vie" et décident pour développer sa diffusion d'aller voir Giono et de lui demander une préface.

Giono évoque avec Carrière son plaisir d'écrire à la plume, pour l'encre très noire qu'il utilise, pour la légèreté du porte-plume et la qualité du papier qu'il utilise. "Je découvris que l'écriture pouvait être un dessin, elle ajoutait même à la joie du dessin un pouvoir de fascination…" Entendre Élise sa femme s'entretenir avec Jacques Meny à la télévision est absolument tendre un charmant. Élise fière de son compagnon écrivain, dévouée à taper ses manuscrits et admirative du courage de Giono pour sa dévotion à son œuvre.











Le témoignage de Pierre Bergé est touchant. Son admiration pour Giono et leur amitié simple était indéfectible. Comme la relation d'Hélène Martin entretenue avec Giono, en chantant… "Le maillot à raies bleues" et d'autres textes du poète. Elle réalisera en 1979 pour la télévision "Jean le bleu" adapté du récit autobiographique de Giono. 

Tous les témoignages sont entrecoupés de lectures de l'œuvre de Giono. Une bonne façon de rentrer dans ses personnages et dans son exaltation de la nature. Giono conclura ses trois heures en quelques propos sur le bonheur "La joie et le bonheur sont des choses tout à fait différentes". Et le bonheur n'est-il pas d'entendre la voix de Giono, cet accent de Provence, auquel peut-être, dans son for intérieur, il tente de donner des accents piémontais, si fière des origines de son père.

À écouter, Un roi sans divertissement,

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