lundi 15 février 2016

Tintin "on air"…



















Très en amont de la diffusion d'un nouveau feuilleton des aventures de Tintin (1), France Culture a communiqué en mettant en avant un partenariat exceptionnel avec la Comédie-Française. "L’idée est née de la passion partagée par France Culture et la Comédie-Française pour le célèbre héros belge et du désir de mener ensemble des projets d’envergure capables de marquer l’histoire de la radio."

Croyant bien me souvenir que Tintin s'adressait aux jeunes de 7 à 77 ans, je me suis demandé pourquoi la chaîne ne communiquait pas en direction des enfants et des adolescents ? Et, de façon corolaire, pourquoi Tintin à la radio ne s'adresserait-il plus qu'à des adultes qui, eux mêmes dans leur jeunesse, auraient dévoré les aventures du reporter belge ?

D'une certaine façon je ne suis pas surpris de l'impasse de communication de France Culture vers le public "jeunes". En décembre 2015, Syntone a publié un dossier sur "La fiction jeunesse". Dans ce dossier Juliette Volcler brosse un panorama complet de la fiction radiophonique en direction des "jeunes". Dans un de ses articles, elle cite et décrit le travail de Nelly le Normand, créatrice sur France Culture des "Histoires du Pince-Oreille". 


Crédits : Christophe Abramowitz - Radio France















Dans cet article on peut lire : "Les enfants n’écoutent pas la radio" et "Je n’ai pas envie que France Culture devienne une petite radio." Ces deux assertions sont d'Olivier Poivre-d'Arvor, directeur de France Culture, lors d'une rencontre organisée par la Sacd (Société des auteurs et des compositeurs dramatiques). Autant de morgue et de malhonnêteté intellectuelle, montre, s'il en était encore besoin, le mépris qu'avait le directeur de la chaîne pour la création radiophonique.

De ce fait, on voit mal comment, tout à coup, d'un coup de baguette magique, la chaîne se tournerait à nouveau vers la jeunesse. Ce nouveau feuilleton peut-il intéresser les enfants et les adolescents ? La narration, les illustrations sonores, les dialogues sont-ils en phase avec ce qu'écoutent aujourd'hui les jeunes ? Je n'ai ni enfants ni adolescents à qui faire écouter le feuilleton. Mais j'aimerais beaucoup avoir l'avis de Volcler et Le Normand.

Et les vôtres, chers auditeurs de… 7 à 77 ans !

(1) "Les cigares du Pharaon" du 8 au 12 février 2016, France Culture,  









7 commentaires:

  1. Je pense que ce beau feuilleton peut "accrocher" des enfants à partir de 7, 8 ans mais qu'il ne captera pas les ados au-delà de 5 minutes. Non pas qu'il soit mal fabriqué, non, bien au contraire. Mais juste parçe que les ados - pour la plupart - n'ont pas (plus ?) l'habitude de se poser, de prendre le temps pour écouter des séquences longues de radio. Ils papillonnent, zappent. Faut que ça pulse. Mais bon, les habitudes, ça peut se changer. Notamment par tout un travail de pédagogie qui requiert patience et longueur de temps :-)

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    1. Et la pédagogie c'est aussi une mission de la radio qui j'espère doit encore se conjuguer au présent ;-) Merci pour cet avis !

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  2. Bonjour Fañch

    Je trouve très bonne l'idée d'adapter des BD, tout comme celle de s'adresser à tout le public et non à un segment précis. Rien à reprocher au jeu d'acteurs, à l'équilibre entre musique et bruitages, au mixage. On passe avec plaisir et tout en souplesse d'un tombeau souterrain à un sarcophage en mer, d'un avion au dos d'un éléphant. Il y a du rythme, et une vraie utilisation de l'espace radiophonique.

    Mais l'écoute de ces épisodes de "Tintin" ne m'a pas vraiment retenue, parce qu'ils me semblent faire trop appel à notre mémoire audio, visuelle et audiovisuelle : l'adaptation est entièrement nouvelle et pourtant on reconnaît tout (Tintin, la musique, la narration, l'univers). Pas de surprise en somme : nous sommes conforté·e·s dans nos souvenirs de la bande dessinée, comme dans ceux des dessins animés ou autres comédies musicales qui ont bercé notre enfance et qui bercent celles des enfants d'aujourd'hui. Le même spectacle, joué avec des moyens techniques toujours plus puissants.

    C'est notamment lié au choix de Radio France de corréler depuis quelques années production jeunesse et évènementiel, faisant du grand orchestre le doudou sonore incontournable des jeunes oreilles des années 2010 : il amène la féérie et le suspense, la frénésie ou l'apaisement, et nos émotions n'ont plus qu'à suivre le guide musical.

    Je ne dirais pas que l'adaptation veut jouer de la nostalgie - plutôt qu'elle revendique un classicisme immédiat. On peut l'aimer pour cela - ou au contraire trouver dommage de ne pas découvrir un imaginaire sonore propre et de ne pas se trouver dérouté·e des chemins déjà connus.

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    1. Bonjour Juliette,
      Je ne regrette pas de vous avoir interpellée ;-) Vous dîtes exactement ce que j'ai eu l'occasion de dire (mais pas si bien) à Eric Schulthess ce matin par téléphone. Immédiatement peuvent revenir aux oreilles des enfants et des adultes des images animées "préexistantes" qui ont marqué leur imaginaire. Et de fait, en lisant, quand on a passé des années à "donner" une voix à Tintin, Tournesol, Haddock et autres Dupontd, voire même à Milou, il faut, à l'écoute de ce feuilleton, s'en défaire et entrer dans la création "nouvelle".
      Si les enfants n'avaient pas ce "background" (j'ai osé ;-) que vous décrivez très bien, je pense qu'ils auraient du mal à tenir la longueur du feuilleton.
      De la même façon si l'interprétation est juste elle n'est pas surprenante. Mais je crois que cela fait longtemps que France Culture ne veut plus nous surprendre. Autrefois "Surpris par la nuit", il nous arrive trop souvent d'être déçus par le jour…
      Merci à vous et (À suivre)…

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    2. Dans ce choix de "la valeur sûre" plutôt que dans celui de la création propre, il y a certainement eu, j'oubliais de le préciser, l'influence de la société Moulinsart, détentrice des droits sur le travail d'Hergé et co-productrice du feuilleton. D'autant qu'elle ne rigole pas avec l'image de Tintin : http://scinfolex.com/2014/03/30/tintin-au-pays-des-usages-transformatifs-la-citation-des-images-en-question/.

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    3. Pour abonder dans le sens de Juliette à propos de la musique-"doudou", cet article sur le site de France Inter constate que la musique d'Olivier Daviaud rappelle celle du dessin animé créé pour la télévision au début des années 1990 (c'est tout à fait juste en ce qui concerne le thème introductif), une série qu'ont pu connaître, enfants, les auditeurs et les auditrices qui ont 30-40 ans aujourd'hui, c'est-à-dire la génération du réalisateur de la fiction et du public ciblé par France Culture (?) ;-)

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    4. J'ajouterais aussi que ce choix de la "valeur sûre" plutôt que de la création originale est certainement lié au fait que la société Moulinsart, détentrice des droits sur le travail d'Hergé, est co-productrice du feuilleton. Et elle ne rigole pas avec l'image de Tintin : http://scinfolex.com/2014/03/30/tintin-au-pays-des-usages-transformatifs-la-citation-des-images-en-question/.

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