"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
mardi 9 février 2016
Politique-Média : le grand mix'
La fiction rattrape le réel ou le réel rattrape la fiction, c'est selon. Pour bien illustrer cet effet, Sonia Devillers a choisi dans l'Instant M (1) d'hier de mixer le propos d'un homme politique réel actuel et une remarque d'un des protagonistes politiques de "Baron noir", la nouvelle série de Canal+ qui débutait hier sur la chaîne cryptée.
Dans la série, Jean-Pierre Elkabach (Europe 1) joue son propre rôle dans les studios de sa chaîne pour interviewer l'homme politique (Kad Merad) en campagne, comme le montrait hier soir "Le petit journal" (Canal +). "La geste politique n'est plus dissociable aujourd'hui de la geste médiatique" analyse Sonia Devillers et de noter que "ça scande les Pulvar, les Elkabach, les matinales de RTL, de France Inter, les caméras de Public-Sénat décident de l'agenda politique".
Par effet simultané, ce temps médiatico-politique a fini par écraser les programmes des chaînes de radio, au point, de sublimer les matinales dont les chiffres d'audience servent non seulement d'étalon pour les autres programmes de la journée, mais sont de fait devenus leaders pour imprimer l'image de marque d'une chaîne. Les matinales des chaînes généralistes font le classement des chaînes et plus aucun programme de divertissement ne dépasse les matinales politiques.
Les programmes sont devenus accessoires et complémentaires des matinales. Les vedettes d'aujourd'hui ne sont plus les bateleurs d'hier. Les nouveaux bateleurs sont les matinaliers (anchorman) qui raflent tous les prix et surtout installent la renommée durable d'une chaîne (3). Par effet induit ce sont les journalistes qui font la radio. Ce sont eux qui ont le pouvoir et, peu importe que ce soit le 4ème ou 5ème, les saltimbanques n'ont qu'à bien se tenir.
L'infotainment a de beaux jours devant elle. Les matinales n'ont pas fini de ponctuer les informations et l'actualité, de séances courtes de divertissement (musique, humour,…) au point que ce mix'-là fera peut-être école pour se prolonger tout au long de la journée radiophonique. L'oracle Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de France Inter, apôtre définitif du rapprochement des programmes et de l'info, pourra alors revendiquer être l'inventeur du "Grand mix'" formule indépassable du cocktail impérial "Politique/Média".
(1) France Inter, 9h40, du lundi au vendredi,
(2) Et Sonia Devillers ne manque pas de noter qu'"il y a tous les fantômes de la gauche dans cette série". Ce qui permettra, sans doute, aux plus jeunes d'avoir à peine eu le temps de la nostalgie du passé (de la gauche) que la fiction la fera revivre au présent,
(3) Léa Salamé (Inter) prix Philippe Caloni de la meilleure intervieweuse. Yves Calvi (RTL, France 5), Laurier d'or Radio-TV/CSA. Patrick Cohen (France Inter), Laurier de la Radio/CSA,
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