J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…
Là, j'appréhende, grave, l'écoute de ce personnage que je n'aurais certes pas écouté en 1974, encore marqué par un temps inutile, passé dans un "non sens" indicible…
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Marcel Bigeard (8 novembre 1974)
"Bigeard, le seul grand nom connu de l'armée française…" annonce Chancel tout de go ! Tiens tiens mais que sont donc devenus Leclerc, De Gaulle, Massu et ce quarteron de généraux (Salan, Zeller, Challe et Jouhaud/putsch d'Alger/1961) ? Ce n'est plus de la flatterie c'est de l'obséquiosité à l'état pur !
Et histoire de bien enfoncer le clou "Général Bigeard, êtes-vous un mythe ?" "Vous êtes Général est-ce le sommet d'une ambition d'homme ?" "Non ça ne veut rien dire !" Et bam attrape ça Chancel flatteur ! Voilà que le militaire tâte de la poésie "J'ai démarré à 15 ans comme "saute-ruisseau" (garçon de courses), une si belle expression Chancel aurait pu demander au Général de la traduire !
"Vous savez M'sieur Chancel" ! Ça c'est succulent, je crois que c'est la première fois que j'entends un invité interpeler ainsi le monsieur des Radioscopie. Avec une gouaille Lorraine mâtinée de titi parisien, "Gaby ma femme" résonne d'un accent "populaire". La facilité de parole de Marcel, son côté cabot et fanfaron, ne font pas oublier Bigeard le guerrier (qui ne manquera pas de nous "refaire" Dhien-Bien-Phu).
Allez, et Chancel de se gausser de mots et poursuit avec "votre légende", le bon gros cliché en quadrichromie à la Une de Paris-Match, béret rouge sur le côté. "À un moment vous avez eu envie de prendre le pouvoir ?" (1) À un moment l'auditeur, lui, a du mal à avaler le cathéchisme du "bon p'tit soldat" Bigeard qui voudrait nous faire croire qu'il s'intéresse à la question de fond "(ne pas) perdre son temps au service militaire". La bonne blague ! Il faut du "personnel" pour faire tourner la mécanique obsolète des casernes et la jeunesse d'y pourvoir contrainte et… forcée.
"Mon idéal, M'sieur Chancel serait de terminer debout parce que sucrer les fraises ça s'ra pas marrant !" Sa description de son saut en parachute à Madagascar pourrait être une réplique de Gabin dans "Pépé le Moko". Et Chancel est vraiment réac' quand, à la suite de Bigeard qui évoque les trotskystes, il dit "Toujours les mêmes professionnels de la contestation". Facile et démago pour aller dans le sens de son invité. Et Chancel d'essayer d'anticiper l'attitude de Bigeard sous un gouvernement de gauche ! Comme si l'armée ne devait pas "obéissance" au gouvernement !!
"Je suis promotion plumeau, je me suis fait tout seul !" À la belle anecdote que conte Marcel en fin d'émission, Chancel aurait pu s'abstenir de conclure par "Merci mon général"… Le "mon" étant réservé aux militaires !
(1) Lequel ? Chancel, malin, se garde bien de préciser s'il s'agit du politique, ou du militaire, comme ça il peut avoir deux réponses pour le prix d'une question. À quoi pense Chancel "Guerre d'Algérie ou Mai 68 ?"
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