mercredi 17 avril 2013

La tyrannie des chiffres…




Comme le retour des hirondelles à date fixe, hier matin, la presse faisait ses choux gras des résultats Médiamétrie des audiences radio… Et vas-y de cerner qui chute, et zyva de pointer qui grimpe. Des chiffres plats, glacials, à peine contextualisés et surtout magnifiques paravents des contenus, des programmes et des grilles. "Pendant qu'"on" parle de ça on dit pas de mal de la TV" ! Mais en même temps on ne dit rien. Mais strictement rien. Les médias se sont sans doute donné le mot, "Si Médiamétrie publie à 8h faut absolument qu'on en parle avant 10". Pour qui ? Pour quoi ?

Pour que l'auditeur de NRJ enrage que sa station n'ait pas encore doublé RTL ? Pour que l'auditeur du Mouv' bouleverse ses habitudes au point de ne plus écouter que France Bleu, deuxième des radios publiques de Radio France ? Ou pour que les auditeurs de RMC se désolent que France Inter existe encore ? Ça change quoi pour les auditeurs ? Rien. Donc l'auditeur qui lit ça, s'en fout comme de la première pub radio qu'il a entendue en tétant son biberon chocolaté il y a plus de vingt ans. Donc ça intéresse qui ? Les annonceurs pour les radios privées, et la "tutelle" pour les radios publiques. Point barre. Donc les médias, eux, font semblant de s'intéresser à la radio (une fois par trimestre) et le plus sérieusement du monde glosent sur des chiffres, parce que c'est bien connu, les chiffres c'est sérieux. 

Rendez-vous compte, jusqu'à L'Express qui s'interroge sur la perte de 250 000 auditeurs radio (toutes radios confondues) pour la dernière période de sondage. On se fout de notre gueule, non ? 250 000 auditeurs sur 65 millions de français, de quoi déclencher le plan Orsec (1) ou Marshall c'est selon et, un minimum pour faire "revenir" à l'écoute les brebis égarées. Mais d'analyse vous n'en trouverez point. Pour quoi faire ?  L'écoute radiophonique consciencieuse, quotidienne, prolongée, de plusieurs émissions, et l'analyse et/ou la critique qui pourraient s'en suivre ça n'existe plus. Has been. Out. Rideau.

Ce grand lamento ou rigoletto de la presse, met surtout en exergue, à chaque "vaguelette" Médiamétrie, la renonciation de la presse à la critique radio. L'institut vend sa "sauce", les médias font semblant de s'y intéresser en pérorant, et le public écoute ce qu'il veut quand il veut. Il serait donc invraisemblable que des responsables, de groupe audiovisuel public, de chaînes, de commissions parlementaires se servent de ces "hochets" pour infléchir des grilles, des programmes, pour virer ceux qui tentent l'alchimie des voix et des contenus, pour faire accroire que la science exacte de Médiamétrie serait le maître-étalon de la fabrique de la radio. 

Le "tâtonnement expérimental" - véritable méthode des pionniers de la radio -, des chaînes publiques comme des chaînes privées a permis à de nombreuses voix, de femmes et d'hommes, de donner ses lettres de noblesse à la radio. La mémoire collective se foutant du tiers comme du quart de savoir si le "Jeu des 100 000 francs" était plus écouté que le "Quitte ou Double" ou si les "Maîtres du Mystère" ont ridiculisé les audiences du "Hit parade". 

La radio est un long fleuve tranquille ou turbulent, peuplé de poissons et même de sirènes. Passer son temps à les compter ou à les mesurer relève de la mécanique du contrôleur sourd. Tendre l'oreille permet d'écouter la diversité, la richesse, et la singularité de ce qui jaillit au fil des ondes. Et ce n'est pas la plus grosse bulle qui, en éclatant, libère le son le plus harmonieux.

(1) ORganisation des SECours,

2 commentaires:

  1. Désolé d'être hors sujet, mais Fañch, comme son nom pourrait l'indiquer, serait-il Bas-breton, et surtout, bretonnant ?
    Auquel cas je serais ravi de l'accueillir… à la radio.
    Christian Le Bras / Kristian Braz - RCF-Rivages/Radio an Aodoù

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    1. Salut paotr ! Bas-Léonard yo, mais pas bretonnant. Émigré temporaire en sud-bretagne. Je te téléphone demain. Noz vez vat !

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