lundi 22 avril 2013

Déplumé…




Pour se dépêtrer du cyclone médiatique dans lequel il s'est laissé enfermé, un certain Nicolas Demorand n'a pas hésité à cracher dans la soupe "J'ai choisi de quitter la radio pour la presse écrite, précisément pour éviter de faire un métier de rente". (1) Une phrase méprisante qui ne manquera pas d'alimenter "grands débats et [des] petites haines qui agitent le théâtre du journalisme parisien" (2). Faisons confiance aux journalistes radio pour régler leurs comptes avec celui qui avait moins de scrupule pour sa rente quand il se pavanait de la matinale de France Culture à celle de France Inter. Parti de façon un peu subite de cette dernière à la rentrée 2010, il rejoint Europe 1 pour animer le 18-20. Une façon sûrement très désintéréssée de faire fructifier sa "rente". Moins de six mois après il prend la direction du quotidien Libération.

Ici, je voudrais dire mon dégoût pour un homme qui, à trop fanfaronner et à faire le paon (3), finira bien par mordre la poussière. Ce mépris pour la radio dépasse la seule corporation des journalistes. Demorand du haut de sa statue (sic), oublie un peu vite qu'il a travaillé avec des techniciens, des attachés d'émissions, des réalisateurs, des producteurs et que, dans les couloirs, il croisait bien d'autres personnes encore, qui ensemble, pour la radio, ne devaient pas souvent donner l'impression d'être rentiers.

Le persiffleur a la mémoire courte. Il a sûrement oublié comment, à la présentation de la nouvelle grille de France Inter à la rentrée 2006 (retransmise sur les ondes), flagorneur, il cire énergiquement les pompes de Stéphane Paoli (qu'il va remplacer) "C'est vous qui m'avez donné envie de faire ce métier" (4). Ce jour-là Demorand aurait-il eu la morgue de dire à Paoli que son père, Jacques, avait fait toute une carrière de rentier à Europe 1 ? Et que ce même Stéphane, si bien installé lui-même à France Inter, pourrait bientôt en revendiquer le titre ? 

Jean-Paul Sartre, Serge July et la bande de Libé 1 (1973-1981) doivent vomir quand le paltoquet prend les plumes pour, le croit-il, "sauver" Libération ? J'espère que, tous personnels de radio confondus, ceux-ci sauront l'attendre au pied de la Maison ronde, des fois que, dans quelques semaines ou quelques mois, lui vienne l'envie de reprendre du service radio. La soupe qu'ils pourraient lui préparer pourrait bien être chargée de beaucoup d'amertume.
 
(1) Le Figaro, par Alexandre Debouté & Enguérand Renault, 18 avril 2013
(2) Phrase extraite d'un article sur Jean-Michel Apathie, in Le Monde par

2 commentaires:

  1. Jacques Paoli a quitté Europe 1 au début des années 80, pour prendre en charge le fameux journal de 18 h sur RTL.
    Il l'a émaillé de sa voix rauque et si humaine, trempée dans les alcools forts dès le matin.J'en fus plus d'une fois témoin.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Anonyme de cette précision élémentaire… Je préfère que les commentaires soient signés ! Avez-vous une ou deux anecdotes sur Jacques Paoli ?

      Supprimer