"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
jeudi 4 avril 2013
Quelquefois… l'info
La dernière fois que je suis resté plus de deux minutes sur France Info, c'était le 11 septembre 2001 (1). Perché sur un échafaudage en Lorraine, à retranscrire sur un mur "La parole des habitants", un voisin est venu me trouver en m'annonçant "C'est la guerre". Mon réflexe fut aussitôt de me rendre dans le véhicule prêté par des copains et d'écouter France Info.
Hier matin, le plombeur de la sortie du film "La maison de la radio" (2), Jérôme Cahuzac soi-même, a pris toute la lumière. Pour une fois j'ai voulu prendre la mesure du séisme annoncé et choisi d'écouter la chaîne "tout info" de Radio France. Mais avant, histoire de mesurer le populisme racoleur d'une ex-chaîne de la principauté de Monaco, j'ai ouvert le poste sur RMC. Cris, hurlements, vociférations, paroles coupées, démagogie poussée à son paroxysme, auto-célébration de la croisade "lave plus blanc et mains propres", cirque, tambour, guignolades et autres caricatures pour une parodie d'émission interactive avec les auditeurs (3). Navrant et affligeant !
J'ai donc, pendant plus d'une heure écouté France Info. Et j'ai trouvé ça parfait. Détaillé, précis, contextualisé. Je ne m'attendais pas à écouter des chroniques sur les rillettes (du Mans) ou sur les 75 ans d'activité de l'animateur télé inoxydable. J'étais venu écouter de l'info, j'en ai eu. J'ai pu commencer à mieux cerner le séisme à venir. Mais j'ai surtout apprécié la position de sobriété des journalistes qui, ce matin-là, mettaient en lumière les tenants et les aboutissants d'un "drame" national. Leur attitude, leur réserve n'avaient rien à voir avec les fanfaronnades incessantes des G.G.. "France Info, chapeau !".
Et puis, tant qu'à faire d'être dans l'exception, j'ai utilisé le player de France Culture et écouté les séquences de sa matinale concernant J.C., qui, à la différence de l'autre, n'est pas prêt de ressusciter… en politique. J'ai même réussi à "voir" Edwy Plenel (4), plisser ses yeux de satisfaction. Ces fragments de matinale ajoutés au traitement proposé par France Info faisaient "bon ménage" (5).
Alors que l'information s'agitait de toute part, j'étais modestement à France Bleu Loire Océan, pour parler de mon blog et du micro-trottoir à propos du film "La maison de la radio". Ce radioscopage m'a fait sourire…
(1) À la différence de beaucoup de journalistes et autres membres de l'intelligentsia médiatique, je précise l'année de ce jour de septembre. Car le 11 septembre 1973, au Chili, le président Salvator Allende mettait fin à ses jours et Pinochet entamait ses très basses œuvres. Ceux qui citent cette date fatidique sans en préciser l'année, en ont plein la bouche de ce "11 septembre 2001", et une facilité déconcertante à l'oubli d'un tragique et odieux coup d'État contre la "démocratie populaire" d'Allende, vingt huit ans auparavant.
(2) Il devait être l'invité de la matinale de France Culture,
(3) L'émission s'appelle les G.G. pour Grandes Gueules. Rappelons qu'il y a plusieurs semaines, sur son site, Télérama avait annoncé que la dite émission serait en public le vendredi, plusieurs fois par an, la plupart du temps "hébergée" dans un magasin de grande distribution. La prescription du magazine culturel, auto-proclamé de référence, était, on s'en doute, indispensable à la promotion de cet accident radiophonique,
(4) Fondateur du site d'information Médiapart, et chroniqueur sur France Culture,
(5) Un clin d'œil sympathique à Pierre Wiehn, journaliste, ex-directeur de France Inter (1974-1981) qui animait à la fin des années soixante l'émission du matin sur Inter, "Faisons bon ménage".
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