"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
mardi 23 avril 2013
Grand Jacques…
"Que ce soit dimanche ou lundi… soir ou matin, midi minuit…" (1), je ne me résous pas à avaler les informations avant d'écouter une émission que j'ai choisie. Je les digère mal ces infos, ou plutôt j'ai envie de les "ingérer" à un moment qui ne correspond pas au cadencement (l'heure juste) proposée par la radio. Et ce, encore moins le dimanche matin, quand, écoutant les oiseaux de la rue, le vent dans la girouette ou la caravane qui passe, j'ai plutôt envie de me languir en attendant paresseusement que, tel le chat, le poète bondisse sur le fil des ondes et me fasse son numéro d'équilibriste, avec mots et musiques qu'aujourd'hui il aura choisis.
Pas question donc de dispersion de l'esprit quand une émission nous fait la promesse de sortir de la nasse, de quitter l'immédiat tragique ou la litanie perpétuelle des affaires de ce monde. Au tiquetaque de ma pendule ce dimanche matin, je guette 10h12 ou même 10h13. Je me fous absolument de l'auto-promo, comme de tout ce qui m'empêcherait de commencer l'écoute par l'intro que Rébecca Manzoni a choisie pour démarrer son Éclectik dominical (2). Dimanche dernier j'ai finassé avec le player du site d'Inter et ai pu démarrer " raccord". J'avais réussi à faire, autour de moi, taire le bruit de toutes choses superflues et étais préparé comme pour aller ouvrir "au passant qui passe" et avec qui on entame une conversation complice.
Le Grand Jacques accueille Manzoni dans son home de Pantin. Le bougre est égal à lui-même. Joueur surtout (avec lui-même), drôle, émouvant, complice, rieur, inquiet, sûr de rien, lucide sur l'ego démesuré de l'artiste sur scène, humble à sa façon, mélancolique et même encore suffisamment du "parti de l'enfance" pour manier l'espièglerie à laquelle Manzoni ne résiste pas de rire. Higelin sait toujours s'émerveiller pour la chanson, pour le poète, pour la vie, même s'il n'est dupe de rien de ce qui la plombe.
Le temps coule. Serein et enthousiasmant. Le concept d'intimité de l'émission va parfaitement au chanteur. La rencontre avec Manzoni qui devait durer une heure en a duré quatre. Comment pourrait-il en être autrement avec ce rêveur impénitent qui, d'un nuage à l'autre, saute sans jamais prendre le temps de regarder tocante ou pendule, si seulement il en a une ?
Partis à fredonner avec Lina Margy pour son "Petit vin blanc", on aurait bien continué à chanter, avec ce Grand Jacques plein de tendresse, que l'âge n'a en rien entamée. Higelin a ouvert la porte, on ne va pas de si tôt pouvoir la refermer. La mécanique du programme passe à autre chose. On n'est pas obligé d'obtempérer. C'est dimanche, la queue du chat balance. Ravis, en son "Beau repaire", nous voilà partis.
(1) "Nous dormirons ensemble", Louis Aragon, mis en musique par Jean Ferrat,
(2) France Inter, le dimanche, 10h passées de plusieurs minutes.
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Bonjour,
RépondreSupprimerUn souvenir radiophonique, à propos de la générosité d'Higelin : invité du Tribunal des Flagrants Délires, le Jacques a terminé par quelques chansons... mais leur nombre était tel que Claude Villers a dû en faire une émission spéciale pour ne pas gâcher ces pépites.