"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
vendredi 5 avril 2013
Radio Solitude…
Si comme moi vous aimez autant écouter la radio que découvrir ce qu'il y a autour, vous aimerez prendre le temps d'entendre Anne-Marie Bernon-Gerth, qui lors de la séance d'Addor du 21 janvier 2013, a pu non seulement évoquer ses souvenirs de création radio, mais aussi son/métiers et leurs façons. Merci à Addor d'avoir mis ça en ligne, car la "rue des frigos" c'est pas tout prêt.
Vous écouterez et ferez votre miel à voyager avec un âne sur les traces de Stevenson, mais surtout vous découvrirez que Radio Solitude (sic) était une opération-test dans l'esprit de la création de radios locales à Radio France (on est en 1976, et Radio France existe depuis janvier 1975). Il n'y avait donc pas que des ex-France Inter (Daniel Hamelin, entre autres) pour commencer à réfléchir à ce qui deviendra "Radio Mayenne" puis aujourd'hui le réseau France Bleu.
Au sein de la cellule "Étude Prospective" François Billetdoux (1) a été chargé par Jacqueline Baudrier, Pdg de Radio France, d'imaginer un futur radiophonique qui commencerait à irriguer le "local". Billetdoux croisant Anne-Marie Bernon-Gerth, l'idée des Cévennes fait son chemin pour tenter l'affaire, avec une idée quasi révolutionnaire "faire communiquer les gens entre eux et installer une communication sociale entre deux vallées qui n'avaient pas l'habitude de communiquer…".
Et pendant une semaine, du 6 au 12 septembre 1976, tout France Culture s'installera en Cévennes (2) sous la bannière de Radio Solitude, et Anne-Marie de se faire "Modestine" (3) pour pérégriner à l'écoute de la population. Toute la chaîne "en plein désert", j'aurai voulu voir et entendre ça (4). Entendre une certaine forme de "révolution intellectuelle" où l'on passe de la parole savante (par les savants), de l'érudition, à la parole de l'habitant, du commun, des "gens de peu" comme aurait dit Pierre Sansot.
Cette expérience de Radio Solitude relève d'une mise en œuvre artisanale, faite de bonnes volontés, de passions, du goût des autres. Le tout sans ostentation quand aujourd'hui le moindre déplacement d'une chaîne "nationale" sur le terrain fait au moins autant de bruit que le sujet qu'elle est censée traiter. Cette "simplicité" de faire de cette époque-là mériterait d'être remise en avant pour prendre la dimension de ce que la radio savait inventer avant d'être dans les formats pour ne pas dire formatée.
Je lance une bouteille à la mer, pour suggérer à Irène Omélianenko, chargée du documentaire à France Culture, que cette semaine de Radio Solitude soit rediffusée (tout ou partie) cet été, telle une "Grande traversée" ou à l'occasion du cinquantenaire de la chaîne, sous forme de feuilleton ou de série au long cours…
(1) Les références seront publiées en début d'après-midi,
(2) Émetteur temporaire à Florac,
(3) Évident si vous avez lu Stevenson "Voyage avec un âne dans les Cévennes",
(4) En 1974, je n'écoutais que France Inter et le soir,
Un autre accent des Cévennes
Ajout du 22 avril : Brice Parain/ Radio et solitudes (1930)
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Grand Merci pour votre texte qui me touche beaucoup. Pierre Sansot -que j'ai interviewé pour une émission sur la ville solidaire au début des années 70- a aussi dit que notre vie ne s'accomplit qu'au contact des autres.
RépondreSupprimerMerci aussi pour votre blog, un vrai bonheur!
Bonjour chère Anonyme. J'ai fait une fausse manip' en voulant publier votre 1er commentaire signé "Anne-Marie B-G" et il est parti aux oubliettes. Votre commentaire ci-dessus qui ressemble au premier n'était pas signé. Comme ça malgré la fausse manip on s'y retrouve.
SupprimerJe suis à mon tour touché que ma petite prose ait retenu votre attention. Je me demande bien quelles bonnes fées ont pu vous aiguiller vers mon blog. J'aimerai beaucoup en savoir encore plus sur cette "opération spéciale". Bien à vous.
Tiens, à propos de radio (et) solitude, et tandis que je suis en train de réfléchir à la question de la solitude de l'auditeur de radio à l'âge moderne, me revient ce texte de 1930 du philosophe Brice Parain, que je croyais d'ailleurs avoir publié il y a longtemps sur Syntone, mais non :
RépondreSupprimerhttp://unesolitude.unblog.fr/2008/04/21/radio-et-solitudes/
je vis dans ce merveilleux pays des Cévennes depuis 35 ans , c'est ma terre, les châtaigniers m'y attendaient, je les soigne et ils me guérissent , écoutez ça c'est un vrai bonheur . Coco
RépondreSupprimerEt quitte à parler d'expériences de radios locales, on pourrait aussi évoquer celle que fit en 1980 FR3 Radio à Chamonix avec "FR3 Mont Blanc"... Dans la bagarre absurde qui opposait alors FR3 et Radio France, c'était une réponse à la création d'une station RF à Val d'Isère...
RépondreSupprimerLa gestion de FR3 Mont-Blanc qui a fonctionné pendant 2 ou 3 saisons était assurée par FR3 Radio Alpes et la coordination avait été confiée à votre serviteur...
Bonjour Gérard et merci pour ce souvenir. Mais ça c'était le chapeau... Le début de l'histoire. Alors raconte...
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