Topor ou pour être sûr de ne pas rire à heure fixe |
Je ne me résous vraiment pas, au coup de sifflet ou d'horloge, à rire au moment où la radiodiffusion a décidé que maintenant, oui ça y est, c'est bon, RIEZ ! Pourquoi, après une longue et riche conversation autour de l'ANI (Accord National Interprofessionnel) mardi matin, faudrait-il sans transition, écouter telle ou tel se démener dans le temps imparti pour, au mieux qu'on s'esclaffe, au pire qu'on sourie ? Cette capacité du cerveau à se rendre disponible instantanément est très certainement prodigieuse pour les autres, elle ne l'est pas pour moi. Après le riche moment de débat évoqué ci-dessus, j'ai plutôt envie d'aller regarder l'avancée de la loi en cours, son historique, le blog de Gérard Filoche, d'écouter les débats dans l'une ou l'autre des assemblées, de réfléchir en silence. Mais rire pour rire, désolé, non là vraiment je ne peux pas. Je coupe net. Je n'écoute pas la radio pour disposer d'un flux permanent de paroles et de musiques et, ingurgiter jour après jour le grand mix du "tout -immédiat" qui, demain, sera "recouvert" par le grand mix du "tout-indispensable", avant que ne se profile celui du "tout-nécessaire"…
"Au secours, fuyons !" De telles façons n'ont rien à voir avec le rythme et la raison (1). Proposer des réflexions de société le matin à la radio nécessite de la part de l'auditeur attention, concentration, réflexion. Les "petits cailloux" semés, soit on les laisse à terre, soit on les ramasse pour constituer un point de vue, une opinion, un a-priori favorable ou non. Cette façon devenue systématique de faire intervenir des comiques (2) pourrait ressembler à ce qu'a fait la presse papier pendant des années, proposer dans les dernières feuilles du journal, quelques vignettes drôles et autres strips pour refermer le canard, histoire de ne pas totalement désespérer le lecteur. Mais savez-vous que de nombreuses personnes commencent par lire le journal par la fin et donc, quand il y a lieu, par rire. D'autres qui ne sauteraient une page pour rien au monde, arrivés aux "mots-croisés" laissent nonchalamment tomber leur feuille de chou et y reviennent… plus tard.
Ce passage obligé par le rire à la radio, d'une façon aussi plaquée, planifiée, segmentée relève d'une mécanique "industrielle", dans laquelle on a dû oublier qu'"il n'est de meilleur rire qu'inattendu".
Inattendue la pirouette de Syntone qui, ce même mâaardi, proposait à ses lecteurs, sans doute pour se "reposer" du très fort texte de Brice Parain, une petite récréation sonore désopilante, dont on ne pouvait imaginer qu'elle ait été un jour une référence pour Etienne Noiseau.
(1) "Le rythme et la raison" titre d'une émission de France Culture,
(2) Troupiers, pas drôles, vulgaires, sentencieux, arrogants, méchants, idiots, cabotins, présomptueux, flagorneurs, graveleux, misérables ou pédants, et très très rarement
drôles.
Autre référence d'Etienne publiée je ne sais plus quand sur Syntone....:-)
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=z_trSIBCgF0
Quelle culture audiovisuelle, ce Noiseau !
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