lundi 29 avril 2013

Des tartes à la crème comme s'il en pleuvait…

C'est sereinement le samedi après-midi que je commence à penser à mon billet du lundi, et à noter dans un coin, deux, trois idées force qui pourraient être la base de mon article de début de semaine. J'envisageais donc de vous parler ce lundi de la "tarte à la crème" que les pâtissiers de la rue Bayard à Paris offrent depuis ce matin aux auditeurs de RTL, la radio filmée. Méga révolution in the world ! Las, je vous proposerai ce billet aigre-doux vers 16h. 




En effet, à la lecture du Monde (1) paru samedi après-midi, j'ai eu envie de réagir à l'interview de Jean-Luc Hees, Pdg du groupe Radio France (en photo ci-contre).

France Inter
Le journaliste commence, "bille en tête", par une autre "tarte à la crème", la question sur le fameux sondage Médiamétrie qui montre : "un fléchissement d'audience pour France Inter. Comment l'expliquez-vous ?" Je me demande bien qui a pu décider que ce serait ce sondage Médiamétrie qui s'imposerait comme maître-étalon du fléchissement-infléchissement des politiques de programme et d'information des chaînes publiques de radio ? Que les radios privées s'en servent pour vendre fort cher leurs espaces de pub disponibles, c'est leur affaire. Mais en quoi la radio publique devrait-elle être confrontée à cette même mécanique dont la fiabilité reste à mesurer (sic) ? (2) Pour autant, à la vitesse du son, tous les médias ont publié les chiffres, mais d'analyse point. Elle est rare et/ou superfétatoire. Car ce sont bien les seuls chiffres qui font foi et, c'est bien connu, "les chiffres" parlent d'eux-mêmes (3).

Dans le syndrome récurrent, à intervalle régulier tous les trois mois, qu'entretient Médiamétrie et qui frappe les directeurs de chaînes et autres responsables d'antenne ou de groupe audiovisuel, se pose particulièrement la question des matinales (4) qui reflète la mesure d'audience la plus importante pour la radio. De ce fait, on comprend mieux pourquoi immédiatement on en vient à la question "tarte à la crème" sur la ligne éditoriale à faire évoluer. Je dis "tarte à la crème", car, comment et pourquoi, tous les trois mois, faudrait-il changer de ligne éditoriale pour essayer de reconquérir des "points perdus", au seul prétexte un peu simpliste… qu'il ne faut pas les perdre. Si les auditeurs ont envie de butiner plutôt que de manger tous les jours le même grain dans la même gamelle, ne sont-ils pas libres de le faire ? Quelle serait la réaction du journaliste du Monde si on lui demandait de changer de ligne éditoriale au seul prétexte d'un fléchissement des ventes ? C'est quoi cette tyrannie insupportable du chiffre ?

Et on se demande bien pourquoi Patrick Cohen, anchorman du 7/9 de France Inter, porterait seul, sur ses larges épaules, la responsabilité d'une baisse des taux d'écoute de la dite matinale. Jean-Luc Hees répond sans ambiguité : "La tranche matinale du 7/9 animée par Patrick Cohen est ce que l'on fait de mieux en radio. Elle continue d'évoluer et draine des millions d'auditeurs. Il y a sûrement encore quelques améliorations à réaliser. On les fera, car Patrick Cohen est quelqu'un avec qui on peut discuter et affiner les choses."

Dans un sketch célèbre Coluche se demandait quel pouvait être le nom de la couleur qui permettrait de créer un " blanc plus blanc que blanc" ? En radio être "premier" est une chose, mais être encore "plus" premier n'existe pas. Si j'apprécie une chaîne, justement pour ses programmes, RMC aura beau réunir 80% des taux d'écoute matinaux, je n'irai jamais écouter RMC. Si les chiffres d'Inter peuvent être améliorés, ils peuvent l'être jusqu'où ? Quand c'est bien, faut-il toujours faire mieux et pourquoi ? Voilà une question qui risque de n'être jamais posée au Pdg de Radio France !



Le Mouv'
Puis le journaliste en arrive à la question du Mouv'. Ça c'est bon Le Mouv', c'est "LA tarte à la crème" de la presse qui, comme dans 99% des cas, veut le résultat et se contrefout de la démarche. Il paraîtrait même, à lire Le Monde, que "la tutelle s'impatiente". Non mais on se fout de notre gueule. Je veux bien accompagner Daniel Psenny dans les couloirs de l'assemblée et du Sénat pour mesurer le taux d'inquiétudes des parlementaires au fait que la radio des jeunes adultes n'aurait pas encore trouvé son public. Je rêve ! Que la commission parlementaire s'interroge une fois l'an sur la situation des 7 chaînes du groupe public lors de l'audition du Pdg, c'est une chose. Que ce soit un motif permanent d'inquiétude en est une autre.

Mais il est intéressant de lire ce que pense Jean-Luc Hees de ce Mouv' à qui il a su donner du temps pour s'installer. "Le Mouv' reste le plus beau projet de Radio France, mais il va falloir le prouver ! Nous n'arrivons pas à nous situer sur le marché de la radio pour les jeunes adultes, et le robinet à musique n'est pas ma conception du service public. Donc, il faut inventer. Les jeunes sont aujourd'hui plus expérimentés, nous devons leur proposer une radio à contenus. Lorsque Frédéric Bonnaud parle d'Alain Robbe-Grillet, je ne suis pas sûr que l'on mobilise les jeunes dans les banlieues, mais c'est dans cette direction qu'il faut aller. Tout comme la musique et l'information sur lesquelles nous devons travailler. L'offre culturelle doit être différente sur cette antenne. Patrice Blanc-Francard, un grand pro de la radio, a commencé à remettre les choses en place, mais il reste encore quelques fondations à installer. On va y arriver !" (5)

Eh bien oui, la presse a beau tout faire pour s'entendre dire que Le Mouv' va fermer, Jean-Luc Hees est cohérent avec son projet initial, soutient Blanc-Francard son directeur de chaîne et ne désespère pas de l'audience à venir.

Dernière tarte à la crème la "remise en jeu" du mandat du Pdg, après la loi modifiant la désignation des Pdg de l'audiovisuel public. Hees ne varie pas "Je ne suis pas un sujet mais Radio France est un énorme sujet." Mais ça, ça ne fait pas frétiller la presse. Et la radio, la presse elle l'écoute comment ? Et qu'en pense Médiamétrie ?

(1) Le Monde daté du 28 et 29 avril, lire aussi le billet de Guillaume Fraissard, "C'est dit", in Le Monde, supplément TéléVision du 5 mai,
(2) Mais par qui ?
(3) Turlututu, chapeau pointu !
(4) Plus ou moins extensibles suivant les chaînes,
(5) Frédéric Bonnaud, ayant quitté la chaîne depuis le 2 mars, appréciera d'être toujours cité au présen et, dans tous les cas, d'avoir marqué sa chaîne avec des choix culturels pas évidents à défendre sur Le Mouv'.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire