jeudi 18 avril 2013

Deux ondes de choc…

Bernard Lavilliers © Image du film






1. Florange
Mardi soir à la télévision française (1), je regarde un documentaire sur la "catastrophe industrielle" de Florange (Moselle). Je ne fais jamais ici la promotion de ce média. Le sujet m'intéresse et m'interroge par rapport à la radio, j'y reviendrai. Le documentaire d'Anne Gintzburger est poignant, tragique et désespérant. C'est un upercut supplémentaire à nos convictions, nos espoirs ou nos rêves. Le "changer la vie" est depuis longtemps parti en fumée (1983), englouti par les hauts-fourneaux avant même qu'ils n'arrêtent de fonctionner. Gintzburger a filmé pendant plus d'un an (février 2012) les étapes de ce qu'on pourrait appeler la mise à mort totale et définitive de la sidérurgie lorraine. Quand le documentaire prend fin, on a la gorge sèche, le dépit en bandoulière, la rage au cœur. C'est pas possible que le mépris soit la valeur universelle la mieux partagée par les puissants…

Le 11 avril 2013, France Bleu Lorraine Nord rendait compte sur son site de la soirée d'avant-première du film (2). Mon interrogation porte sur la création de documentaires audio à partir de la multitude de reportages que la locale de France Bleu a réalisée depuis des années. Mais cette interrogation va au-delà de Florange et concerne tous les sujets (sélection) que la radio publique traite et diffuse sur ses antennes. Pourquoi France Bleu ne réalise t-elle pas ces documentaires, qui comme celui de Gintzburger, prendront avec le temps valeur de témoignage et d'archive ? Les Ateliers de Création Radiophonique décentralisés de France Bleu ne seraient-ils pas le bon lieu de création de ces documentaires ? S'agissant bien, à partir de "tous les petits bouts", de créer des collections thématiques, éditorialisées et contextualisées (3).

On pourrait me rétorquer que c'est ce que fait le magazine "Interceptions" de France Inter (4). Ce pourrait aussi être le fait d'émissions documentaires de France Culture. Ces deux dernières chaînes ayant habitué leurs auditeurs à écouter du documentaire à des heures spécifiques et régulières. Le documentaire audiovisuel se taille la part du lion de la diffusion voire de la multidiffusion, de "l'écoute" et de la reconnaissance/renommée. Les images y sont pour beaucoup mais pas que. Si j'ai beaucoup apprécié le documentaire de Gintzburger (5) j'aurais aimé pouvoir aussi écouter son pendant radiophonique avec les mêmes critères de format. Qu'en pensez-vous, mes chers auditeurs, mon idée est-elle si saugrenue que ça ? Cela prêche en tous cas pour une Web-RadioArchives.











2. Cinquantenaire du ghetto de Varsovie (6)
Réentendre la voix d'Antoine Spire (7) est aussi un choc. Son "Grand angle" d'avril 1993 célébrait le cinquantenaire du ghetto de Varsovie, et sera diffusé cet après-midi "Sur les Docks" (8). On pourrait me reprocher pour un sujet aussi grave, d'attacher tant d'importance à la voix du producteur. Et pourtant, cette voix qui donnait la parole aux "Voix du silence" (9), a marqué la chaîne culturelle pour ce qu'elle engageait Spire à prendre le parti de ceux dont on ne parle pas ou si peu. Les témoignages de ce documentaire sont essentiels pour comprendre cette onde de choc.

J'en profite pour lancer une bouteille à la mer vers Longueur d'Ondes pour que soit bientôt mis en ligne, la séance avec Julie Clarini, lors du dernier festival en février…

(1) France 5, Le monde en face, 20h40, "La promesse de Florange" d'Anne Gintzburger, 1h35m,
(2) Depuis décembre 2012, ce blog ajoute, au fur et à mesure, les players qui rendent compte de l'avancée du conflit,
(3) L'Ina (Institut national de l'audiovisuel) promeut et vend d'ailleurs très bien ses thématiques de télévision et de radio,
(4) Le dimanche, 9h15. Mais ce sont "moins" de 45 documentaires/an, 
(5) Que je chercherai à revoir dans quelques jours,
(6) Grand Angle, France Culture, le samedi à 11h, productrice coordinatrice Laurence Bloch,
(7) Producteur historique de France Culture,
(8) France Culture, 17h 
(9) Émission hebdomadaire, le samedi, 10h-10h40 

5 commentaires:

  1. Puisque la télévision est de mise dans le billet du jour je tiens à souligner à mon tour le travail impeccable de Raoul Peck dans son documentaire "Assistance Mortelle" lequel pointe les dérives de l'humanitaire en Haïti après le séïsme de 2010.
    Ce documentaire était diffusé sur Arte mardi soir et au moment où je rédige ce commentaire il est toujours visible sur le net via Arte+7.
    Je ne m'étends pas sur la littérature Haïtienne qui est une des plus belles que je connaisse (depuis René Depestre à Lyonel Trouillot en passant par le grand poète Franketienne) Haïti est une fabuleuse patrie d'écrivains résidents tel Lyonel Trouillot ou en diaspora comme Dany Laferrière. A lire et relire....

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    1. Right ! Les deux causes valaient de faire ce pas de côté. On s'en tiendra à l'exception… exceptionnelle.

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  2. Ah là là, mon pauvre Fañch.
    Je suis tellement d'accord avec toi à propos des "ateliers de création" de France Bleu, autour desquels il faudrait mettre tellement d'autres guillemets encore.
    Ateliers ou pas, les locales pourraient être des lieux décentralisés de production pour les nationales, faisant travailler des producteurs et productrices qui vivent "en Régions" comme on dit. Bien sûr !
    Mais non.
    L'esprit France Bleu, c'est tellement autre chose, tu comprends.

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    1. M… j'étais déjà pas bien riche ;-) Par contre les ACR décentralisés peuvent être diffusés sur les 7 chaînes du Groupe ! Quant au reste de tes propos cela mériterait quelques billets qui en leur temps sûrement viendront… (à suivre)

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  3. Ce sujet des Ateliers décentralisés rejoint finalement ton billet d'hier sur les chiffres d'audience Fañch. Tant que Médiamétrie validera vague après vague le formatage et l'uniformisation de France Bleu façon "feel good radio"/RTL publique, peu de chances que cette station s'embarrasse de documentaires sociaux. Il me semble que la production des Ateliers s'aligne aujourd'hui sur la ligne éditoriale du réseau Bleu : de la pastille patrimoniale, de la chronique anecdotique, du feuilleton consensuel, et du portrait d'artistes en phase avec l'univers musical décidé à Paris.

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