vendredi 30 mai 2025

Radio-Moquette (Saint-Maclou priez pour nous…)

Je vais surprendre Hedi qui tient à bout de bras le site Radioscope car, c'est sûr, il n'a pas encore recensé cette radio, dont nous ne savons pas sur quelle fréquence elle émet. Il y a quelques jours, Muriel Pleynet, nouvelle directrice de franceinfotv, évoquait à propos du mercato tv, Radio-moquette. Une journaliste TV évoquant la radio c'est assez rare non ? C'est même tellement rare que ladite Radio-Moquette n'est pas une radio !!!! Qu'est-ce donc alors ?











Radio-Moquette voudrait dire "bruits de couloir". Tiens donc ? De ce fait Pleynet aurait été inspirée en parlant de TV-Moquette. Mais pourquoi pas, plus explicitement, Radio-Couloirs ? Que vient faire ici la moquette ? On aurait pu, évidement, imaginer que Saint-Maclou se lançait dans la création d'une radio de marchand de tapis. Il n'en est rien.

Mais en faisant référence à la radio pour stigmatiser les bruits de couloirs n'est-ce pas un peu dévalorisant pour le média radio qui ne relaye pas les bruits de couloir (je parle de la radio publique, quant aux radios privées…) ? Ou est-ce la dernière occasion pour que le mot radio soit mis en avant ? Parce qu'on n'imagine pas un seul instant Laurent Frisch, (Directeur du Numérique à Radio France) parler d'Audio-Moquette ?

J'ai sans doute échappé à ce mot nouveau car je ne suis pas dans l'entre-soi média. Va pour Radio-Moquette dont il ne faudrait surtout pas se moquer, particulièrement, car Saint-Maclou est l'un des sept saints fondateurs de la Bretagne occidentale. CQFD !

jeudi 29 mai 2025

Sur les docks (30) : dans la grotte Chauvet…

Un documentaire d'Élise Gruau et Diphy Mariani du 6 octobre 2015.  Les productrice et réalisatrice ont donc pu descendre dans la grotte. Grand privilège. "Sur les sols fossilisés de la grotte Chauvet les traces des ours des cavernes, des loups et des hommes qui l’ont fréquentée nous semblent intacts. Dans un décor géologique spectaculaire, les hommes du paléolithique sont venus créer des chefs-d’œuvre. Des centaines d’animaux peints, des techniques sophistiquées de représentation, de véritables mises en scène témoignant d’une pensée symbolique inconnue jusqu’alors, faisant de ce lieu un véritable sanctuaire. Obstruée pendant des milliers d’années, la grotte Chauvet a été découverte il y a vingt ans".  (sur la page de l'émission)

© Getty-Patrick Aventurier








"Ils ont fait leurs dessins, ils sont partis, le porche de la grotte s'est effondré et hop, le temps s'est arrêté", raconte Élise Gruau. Raconté par Jean Clottes, préhistorien, son premier périple dans la grotte, un 28 décembre 1994, accompagné de Jean-Marie Chauvet, nous permet d'imaginer les spéléologues à la découverte d'un fabuleux trésor. Rappelant que l'entrée de la grotte a été obturée par les éboulis il y a plus de vingt-mille ans.

Intéressant de découvrir l'utilisation saisonnière et croisée de la grotte : en hiver les ours, au printemps et en été les hommes. L'occupation de la grotte était surtout utilisée pour faire des cérémonies. Mais il reste difficile d'imaginer la vie - et cette démarche artistique - il y a 36 000 ans. "Un sanctuaire paléolithique de l'homme moderne… pour exprimer la mémoire sur une surface et plus seulement sur l'oralité."

"Sur les docks"
En remettant en avant trente documentaires de "Sur les docks" , depuis fin mars, j'ai aussi voulu montrer que l'unitaire (un seul épisode) a toute sa place dans un programme documentaire. Le tour de passe-passe qui a consisté à imposer 4h aux documentaires de LSD est un mauvais coup pour la diversité des "points de vue" et des sujets développés. Aujourd'hui sur une saison sont produits un maximum de 44 documentaires (dont plusieurs rediffusions) alors que jusqu'en 2016, le nombre de producteurs-tournants - et de sujets - était, de fait, beaucoup plus important. On assiste donc aujourd'hui à une diminution des documentaires malgré tous les comptes d'apothicaire qu'on voudrait nous faire avaler.

mercredi 28 mai 2025

Sur les docks (29) : Les insoumis de la nuit…

[Pour m'endormir]… je me protège avec un espace sonore" nous dit le premier invité de ce documentaire de Pauline Maucort et Émilie Chaudet, réalisé par Christine Robert, diffusé le 24 septembre 2015. 

Sur les tournage des insoumis de la nuit, dans l’usine Pocheco, Christine Robert et Yann Fressy

Sur le tournage des insoumis de la nuit, dans l’usine Pocheco, 

Christine Robert et Yann Fressy. 

© Radio France - Pauline Maucort














"Ils sont seuls dans leur chambre. Il y a la radio, parfois une sirène lointaine, ou la cafetière qui ronfle à leur place. Ils sont plusieurs dans la rue, sur leur lieu de travail, ceux qui ont choisi la nuit pour de meilleurs salaires, ou pour ne pas subir l’agitation du jour. A quoi ressemblent les rêves, les angoisses, les souvenirs quand tout ralentit, quand on peut enfin entendre le silence, quand on peut enfin s’entendre soi-même." (sur la page de l'émission) 

Alors que toute la maisonnée dort, dans une certaine torpeur, "le premier réflexe c'est d'allumer la radio" dit doucement Sophie. C'est quand même un incroyable besoin, celui face au silence, au calme voire à la quiétude, de chercher une compagnie, une présence ou une diversion. Sophie qui se fait ses propres voyages en Crête en écoutant une radio crétoise.

"La nuit ça passe plus vite quand on ne regarde pas l'heure…" remarque pertinente d'un ouvrier de Pocheco. Pour l'avoir testé moi-même, on apprécie jusqu'à ce qu'on se résigne à regarder sa montre et de constater qu'on est très proche de la débauche. Je ne sais pas si l'enregistrement par Sophie de ses propres ronflements peuvent aider à s'endormir, mais c'est une très bonne trouvaille pour illustrer ce documentaire, réécouté de jour. 

Tous les témoignages entendus sont originaux, voire sensibles. D'autres témoignages pourraient constituer une petite "capsule", tous les soirs à minuit à la radio, par exemple pendant un quart d'heure… Le rendez-vous des noctambules. Pour ça il faudrait une volonté éditoriale. Elle n'existe plus. Puis il faudrait des moyens. Ils n'existent plus. Autant de renoncements qui brident la radio pour continuer à être inventive, exploratoire et présente du jour… au lendemain.

mardi 27 mai 2025

Sur les docks (28) : La Hune, le blues de Saint-Germain-des-Prés…

Cette Hune s'écrit avec un H majuscule. Et avant de faire la une des journaux pour annoncer son départ du Boulevard Saint-Germain (Paris), la librairie avait toute sa place dans ce haut-lieu littéraire et culturel. C'est ce que Maylis Besserie et Anna Szmuc nous raconte, le 23 juin 2015, sur France Culture.











"Le 21 février 2015, Le Monde annonçait la fermeture d’une librairie germanopratine du 6e arrondissement de Paris depuis 1949 : La Hune. Elle a fermé ses portes au public le 14 Juin 2015. Depuis, des plaintes se font entendre de toutes parts, tant la librairie semble incarner le quartier et son histoire. Fondée dans l’effervescence de la vie intellectuelle et artistique qui animait, après-guerre, Saint-Germain-des-Prés, elle est de ces lieux qui sont à la fois réels et imaginaires, témoins d’une époque et de ses fantômes : Merleau-Ponty, Sartre, Beauvoir mais aussi Boris Vian, Sacha Distel, Pierre Michelot, les frères Fol et bien d’autres… Autant de figures du siècle passé qui rôdent encore dans le triangle d’or, entre les cafés du Flore, des Deux Magots et la brasserie Lipp." (Sur la page de l'émission).

La Hune c'est un repère sensible dans la faune autour… du Flore. "On pouvait draguer à la Hune, c'est un endroit vivant." dit Raphaël Sorin. Miguel Dupont a travaillé à La Hune pendant vingt-cinq ans, il finissait à minuit, affirme l'endroit convivial et se souvient de ses lacunes face à des clients érudits. La Hune, comme le terme de marine, est cet endroit privilégié pour observer les mouvements ce, qu'à sa façon, la librairie à pu elle-même observer.

Nota bene : J'ai pu quelquefois fréquenter La Hune quand de passage à Paris je flânais à Saint-Germain-des-Prés, mais aussi entrer chez le disquaire Raoul Vidal… Toute une époque !






Sur le site, les années 2013 et 2014 ne sont pas présentes sous le premier icône appelé "Sur les docks", elles sont peut-être sur le second.

lundi 26 mai 2025

France Inter : attendez-vous à (ne pas) savoir…

Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, n'a ni la faconde ni l'esprit de Geneviève Tabouis, journaliste (1892-1985) qui a fait les belles heures de Radio Luxembourg puis de RTL, dans la matinale d'info. Pour une chronique au titre savoureux "Les dernières nouvelles de demain" (1949-1967). Ses chroniques commençaient par "Attendez-vous à savoir". Van Reeth n'est plus au micro et fait, comme il est de coutume dans les médias aujourd'hui, "fuiter" quelques scoops pour préparer les esprits à s'habituer aux changement(s) de la prochaine grille de France Inter à la rentrée 2025 (25 août). C'est amusant (on pleure). Un genre de chamboule-tout avec pour point d'orgue "Kiséki animera la matinale ?", puisqu'il n'y a presque que plus que ça qui compte vraiment. Les programmes devenus accessoires. Qu'on en juge.

Adèle Van Reeth










Sonia Devillers arrête son entretien de 7h50 et retrouvera ses interviews "people et compagnie" après le journal de 9h, "promettant des récits incarnés à la première personne" dixit Le Monde le 16 mai. Assistera-t-on à un "Chancel revival" ou bien la journaliste reprendra-t-elle le fil interrompu de ses interviews dans la séquence le "9h10" (2022-2023). Devillers n'était vraiment pas à sa place pour passer tous les matins "du coq à l'âne" dans un exercice trop calibré, trop convenu, trop. Et dieu sait qu'il y a eu une palanquée de coqs et pas beaucoup moins d'ânes !

Quelques jours avant, nous avions appris, atterrés, que Claude Askolovitch quittait la présentation de la Revue de Presse. Cataclysme, consternation, tristesse après huit saisons passés à l'exercice. Quand depuis quelques années le choix avait été fait de ne plus citer les autrices et les auteurs des articles mis en avant. Visiblement Askolovitch n'avait pas pris ses leçons du côté d'Ivan Levaï (1989-1996), qui lui n'aurait jamais manqué de nommer ceux qui avaient écrit. De fait l'exercice ne servait plus à donner envie de lire telle ou tel mais s'installait dans un doux ron-ron, une ponctuation dans la matinale, un exercice de style.

Puis ce fut au tour de Blast d'annoncer les catastrophes :  Giulia Foïs serait remerciée, la chronique « La lutte enchantée », tenue par Camille Crosnier et Cyril Dion, disparaîtrait. Frédérick Sigrist, qui animait « Blockbuster », serait lui aussi écarté. Conditionnel de rigueur car "tout peut encore changer". Mais ce que tout le monde attend (lire ce que tous les médias attendent fébrilement) c'est de savoir ce qu'il va advenir de Nicolas Demorand et Léa Salamé, l'incarnation absolue de France Inter au risque de renvoyer tous ceux qui s'activent pour faire de la radio au titre d'"accessoires". 

Attendons-nous (pourtant) à ne pas savoir ou à ne rien savoir, avant sans doute la dernière semaine de juin, pour une annonce fracassante : "Demorand et Salamé restent", "Demorand animera une émission… et Salamé part rejoindre BFM TV". Mais alors kiki va animer la première matinale - cocorico- de France ? Alors là, ça suppute grave. Et autant vous le dire aucun nom en interne n'est avancé. C'est bien connu France Inter et Radio France font leur marché à la TV et il n'y a aucune raison que cette mécanique-là s'arrête !

vendredi 23 mai 2025

La radio dans l'univers audio… (Colloque GRER)

En novembre 2022, du 9 au 11 novembre, se tenait à Laval (Québec) le 10è colloque du Groupe de Recherches et d'Études sur la Radio (GRER), dont le thème était "La radio dans l'univers audio. Adaptations et mutations". On peut déjà affirmer que les temps ont changé puisqu'il y a vingt ans le thème aurait pu être "L'audio dans l'univers radio"… Les Presses de l'Université de Laval viennent de publier au mois d'avril les Actes de ce colloque…


 









Henri Assogba et Kodjo Atassé Koulette, chercheurs, animateurs et coordonateurs du colloque l'introduisent ainsi : "En ce début d’année 2024, la nouvelle fait le tour des médias au Québec, la radio numérique QUB annonce que l’ensemble de sa programmation est désormais accessible en vidéo et en direct pour le public à la télé et ce de six heures à 18h . Ainsi à travers un abonnement les auditeurs-auditrices ou désormais les téléspectateurs et téléspectatrices, pourront regarder et sous les différents plans vidéo, les animateurs, les invités et les techniciens f"aire de la radio à la télé". L'audio ne suffirait-t-il plus pour porter la voix des artisans de la radio ? Pourquoi faut-il ajouter du visuel à l’audio ? Plus qu’un changement technologique, éditorial et économique, cette actualité, marque une étape symbolique dans les mutations constatées ces dernières années au sein de la radio. On passerait ainsi de la "radio filmée", celle qui se "donne à voir", largement documentée dans la littérature scientifique et qui ne souffre plus de contestation, à la "radio télé-diffusée". Voilà parfaitement posés les enjeux pour la radio de demain, mais surtout pour la radio d'aujourd'hui.

Parmi la douzaine de communications (1) vous pourrez y lire "France Culture : de la radio globale à la radio… en miettes". C'est l'occasion pour moi (ni universitaire, ni chercheur en histoire des médias) de remercier le Grer, ainsi qu'Henri Assogba et Kodjo Atassé Koulette, de m'avoir invité à ce colloque et d'avoir accepté cette communication sur France Culture. En novembre 2022, la crise institutionnelle de la chaîne est à son point culminant. Le personnel est audité par un cabinet extérieur à Radio France, audit dont les conclusions seront implacables pour dénoncer le "management jugé brutal" de Sandrine Treiner la directrice de la chaîne (2017-2023).

Un aperçu de ces actes est consultable en ligne ici.

(1) Hervé Glevarec, Séverine Equoy-Hutin, Romain Bigay, Frédéric Antoine, Louise-Hélène Paquette et Albino Pedroia, Debastien Poulain, Chantal Francœur, Idé Hamani, Simon-Olivier Gagnon, Soumaya Berjeb, 

jeudi 22 mai 2025

Sur les docks (27) : Cinéma itinérant en Dordogne…

"Dans le département de la Dordogne, "Ciné passion en Périgord" est un circuit de cinéma itinérant qui va là où le cinéma n’est pas desservi. En se déplaçant dans les villages éloignés des salles de cinéma et en pratiquant des tarifs très accessibles, Laurent, projectionniste depuis plus de dix ans, réunit les périgourdins bien disposés à ne pas manquer cet événement." (Sur la page de l'émission)







Comme, au milieu des années 80, j'ai moi-même animé un circuit de cinéma itinérant rural, j'imagine bien les tribulations que doit vivre Laurent, le projectionniste de "Ciné passion"… Les enfants d'un des villages traversés ont construit une vraie caisse pour que ça fasse encore plus cinéma. Laurent confirme que c'est un boulot de solitaire. "On fait des choses pour les autres et on pense moins à soi".

L'itinérance a aussi à voir avec l'implication de bénévoles qui font les campagnes d'affichage et de promotion des films à venir dans chacun des villages où ont lieu les projections. En 2012, c'est l'époque où les copies argentiques en 35mm (et de fait en 16mm) vont disparaître pour être remplacées par des fichiers numériques. Cela nécessite de changer le matériel de projection (investissement lourd) "adapté" à l'itinérance quand, pour une des communes (Excideuil) un matériel fixe à pu être installé en permanence dans une salle.

C'est important que ce lien social continue à exister quand la tendance lourde est au repli sur soi sur les plates… formes !

Production : Johanna Bedeau, Réalisation : Rafik Zenine. 5 juillet 2012.


mercredi 21 mai 2025

Sur les docks (26) : Road-movie en Lozère…

"Depuis 1973, Martin de la Soudière arpente la Margeride. C’est son terrain. Le terrain d’un ethnologue en quête de ce on-ne-je-sais-quoi qui incite parfois un chercheur à remettre ses pas dans des sentiers arpentés à mille et une reprises, comme s’il s’agissait de remettre toujours et encore sur le métier." (sur la page du doc). Un documentaire de Laurent Le Gall et Fabrice Derval. Réalisation François Teste (4 juillet 2012).

Châteauneuf-de-Randon (Lozère)










Martin de la Soudière, ethnologue, évoque pour ses premiers souvenirs de 1973 en Margeride, "la difficulté de rencontrer l'autre". "Je suis un ethnologue du dehors" précise de la Soudière qui n'aime pas rentrer chez les gens sans avoir observé ce qui les entoure, jardin, animaux, arbres, village ou hameau. "Il y a de moins en moins de monde à Langogne". la restauratrice Adrienne se souvient de Martin et est très surprise quand ce dernier lui avoue avoir mis du temps à l'approcher car elle l'intimidait. On notera la délicatesse et le tact de l'ethnologue pour approcher ses objets d'étude…

Elle parle de "La tourmente" que Quentin Tenaud avait lui-même évoquée dans son documentaire diffusé au mois de mars sur France Culture. Dommage que Le Gall ou Derval ne l'ait pas incité à en dire plus plus sur ce phénomène neigeux. Martin évoque aussi ses retrouvailles avec ce pays quand au bout de six mois ou plus on revient avec quelques appréhensions. 

Le Gall et Derval interrogent un habitant sur Martin et comment il a été perçu par ceux dont il essayait de comprendre la vie. Cet habitant explique que, si avec lui ça c'est très bien passé, ce n'a pas été le cas avec tous car "sa coiffure envahissante le faisait ressembler à un hippie" (on est en 1973). Et Martin dans une profusion de paroles au débit très accéléré se souvient d'un propos de la buraliste, Mme Marco, "il faut bien que toute les régions soient habitées". Ce qui pour Martin "ne veut rien dire et tout dire, mais c'est absolument superbe."

Un autre habitant, Marcel Delpuech, qui a été l'informateur de Martin, s'est reconnu dans la publication de l'ethnologue, il a retrouvé des phrases à lui, et témoigne avec lui avoir fait la causette. C'est quoi la causette demande Le Gall ? "Oh, un peu de tout, un peu de rien". À partir d'un fait divers Martin raconte l'historique du nom "Le col des trois sœurs" (1454m). Un col non caractéristique, ordinaire mais joli et qui prend tout son relief grâce à son nom. Et Emma/Josette nomme "Un regret" : "une chanson lente, mélancolique…" qu'elle écoute sur Radio Margeride.











Martin évoque ce qui en Margeride dans une maison s'appelle "La pièce" là où tout se passe". Et Josette dans cette pièce où trône la télévision regarde chaque jour à la télévision "Les feux de l'amour" que Sylvie gasteau aurait sûrement aimé interviewer en complément de son documentaire "Louise ou les feux de l'amour"…

Et Martin citant Perec pose les termes de sa recherche "Qu'est-ce qu'il se passe quand il ne se passe rien…? Cet infra-ordinaire, ces petites choses, ces détails, ces indices vont renseigner différemment que si on ne fait que parler, poser des questions, regarder tout ce que tout le monde regarde,…" Et vous découvrirez ce que Martin de la Soudière expose comme "L'inconfort du terrain".

Toutes les rencontres de ce documentaire ont été chaleureuses et enthousiastes et si vous aimez la Margeride

mardi 20 mai 2025

Sur les docks (25) : Les salles de cinéma, lieux de culte…

Un documentaire de Jacques Kermabon et Yvon Croizier (Rediffusion de l'émission Les Nuits magnétiques du 19 mai 1989). Et d'entrée de jeu on pourrait dire que cette rediffusion a fait l'objet de "charcutage". Car à la base ce sont quatre "Nuits magnétiques" sur les salles de cinéma diffusées du 16 au 19 mai 1989. C'est donc à partir du quatrième épisode de 01:17:36 qu'il a fallu trouver 54'53“… Ça laisse perplexe et dépité. N'est-ce pas la porte ouverte à redécouper, reséquencer, remonter les documentaires qui ont fait les riches heures des Nuits magnétiques ? Sous la tyrannie du clic tout devient possible et désespérant.

Le Katorza à Nantes où j'ai vu,
 en octobre 1970, "Woodstock"


Comme moi, vous serez sans doute frustrés d'entendre "ce petit bout" d'une émission tronquée. Je ne peux me résoudre à écouter des "extraits" car il me manque alors toute l'histoire. Toutefois, allons tenter une petite promenade dans ces lieux de culte que j'ai beaucoup fréquentés dans de nombreuses villes et même dans quelques campagnes profondes grâce aux circuits de cinéma itinérants ruraux. Ou au festival du film italien à Villerupt, dans une petite salle très confortable, bourrée d'Italiennes et d'Italiens qui, à bonne voix, commentaient l'"Ossessione" de Visconti ajoutant un autre réalisme au néo-réalisme.

lundi 19 mai 2025

Têtes de radio… Têtes de gondoles !

Elles s'affichent partout (et tout le temps). Telle vedette préférée des Français, tel humoriste si drôle, tel duo fétiche… qui fait tâche ! Au "fronton" de la maison de la radio en un immense kakemono, au cul des bus, en 4x3, en une des magazines ou de la presse quotidienne et bien sûr dans la presse pipole (euh loula !). Toujours les mêmes. Toujours prêts à (se) vendre ce pourquoi ils sont employés. En ce qui concerne la radio, c'est comme si, telle ou tel, portait à elle-lui seul(e) une émission, un magazine, une matinale… Ce vedettariat hérité de la TV s'emploie à mettre en avant, ad vitam aeternam, toujours les mêmes, en prenant soin d'invisibiliser toutes celles et ceux qui "travaillent avec", qui "travaillent pour". Petites mains, petites voix, petites ombres nombreuses qui, elles, ne seront jamais à l'affiche. 











Ce besoin absolu d'image est juste un non-sens par rapport à la radio, média sans image par définition. Une communication "moderne" dans laquelle les managères de moins de cinquante ans se sont engouffrés, cassant définitivement la notion de production collective où, sans les ingénieurs du son, les réalisatrices et réalisateurs, les chargés-chargées de production ou de programme, il n'y aurait ni production ni programme. Fantastique ce besoin trivial de reconnaître quelqu'un qu'on ne voit pas. Comme si sa voix n'était pas sa meilleure identité. Rappelons que c'est en aveugle que Jean Garretto et Pierre Codou ont recruté - à la voix- les animatrices de Fip, dès 1971. Dans un monde saturé d'images, dirigeants et communicants se sont pliés (courbés) à la tendance et participé à créer ces "têtes de gondole", invisibles… à l'écoute des programmes (1).

Nous l'avons déjà écrit ici "à force de faire trop d'images, la radio va finir par être absorbée par la TV". Ce sera alors un bal ininterrompu de gondoles, dont Venise sera en droit d'accuser une concurrence déloyale.

(1) Sauf bien sûr les émissions filmées qui se répandent sur le net et qui sont censées donner plus de… visibilIté ! Of course… de ch'val ! Idem pour les matinales d'Ici (ex France Bleu) visibles sur France 3/Ici. 

jeudi 15 mai 2025

Sur les docks (24) : Paris mis en scène…

Simone Douek et Jean-Claude Loiseau dans "Les mardis du cinéma" du 27 septembre 1988 évoquaient "Paris panoramique ou Paris travelling"… Ce documentaire est rediffusé dans "Sur les docks" du 15 mai 2012. Profitons-en pour noter que la rediffusion est devenue une "institution" à France Culture qui a de plus en plus de mal à cacher la baisse des moyens consacrés à ce genre radiophonique.










"À la limite Paris ne redevient humain que la nuit…" À contrario de ce qui est fait de Paris le jour. "Les années 45-58 seront le triomphe du studio, le côté étouffant et conventionnel du studio. et Renoir même, qui rentre d'Amérique, comme c'est le studio [qui est à la mode, il s'y conformera] et "French cancan" sera studio…"

Max Douy, chef-décorateur pour French Cancan : "On mettait dans ce décor d'un Montmartre 1906, des petits métiers, on repavait la rue, on avait les fameux escaliers de la Butte et derrière il y avait Montmartre, c'est à dire le Sacré-Cœur et, les vieilles rues en escaliers. Notre métier de décorateur était de créer un Paris efficace et compréhensible par tout le monde et très vite.

Dans "Hôtel du nord, le décor et la maquette faits au studio de Billancourt. Le maire du Xè arrondissement a voulu classer "L'Hôtel du Nord" au Canal Saint-Martin. On a du lui expliquer que c'était un décor de Trauner…". Douek : "Et dans "La traversée de Paris" Paris est le personnage du film et c'est un film que vous aves tourné en studio Claude Autant-Lara…" Le cinéaste précise "excepté la sortie du métro, boulevard de l'hôpital, et une petite partie de la rue Pauliveau (Jardin des Plantes) de jour. La fin du film a été faite à la gare de Lyon…" Tout le reste a été filmé aux studios de Joinville.

Entendre Henri Alekan, directeur de la photographie, évoquer le film de Luciano Emmer "Paris est toujours Paris" avec Mastroianni dans le rôle principal, m'a donné envie de revoir ce film (non disponible pour l'instant à la Cinetek), dont le cinéaste voulait être dans le style du néo-réalisme italien.

"Paris vu par…" (1) est le film qui clôt la "Nouvelle vague" affirme Jean Douchet. Le dernier film qui marque la connivence entre ces cinéastes.

(1) De Jean Douchet, Jean Rouch, Jean-Daniel Pollet, Eric Rohmer, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, 1965.

mercredi 14 mai 2025

Sur les docks (23) : La guerre des boutons…

Avec "L'héritage d'une boîte métallique un peu rouillée ou d'une petite boîte en bois… ", ils sont là les boutons ! Il m'est arrivé au cours de ma vie de mettre dans un bocal des dizaines et des dizaines de boutons rouges. Pour le plaisir de la couleur. Friandise des couturières et attention scrupuleuse de ma grand-mère qui n'aurait jamais jeté un seul bouton… Un documentaire d'Anita Castiel et d'Anna Szmuc (rediffusion d'un "Surpris par la nuit" du 24 mars 2009).

"L’artiste, Michel Jeannès, développe depuis 1997 le concept de «Zone d'Intention Poétique» (ZIP) autour du bouton, objet usuel envisagé comme «Plus Petit Objet Culturel Commun» (PPOCC) et vecteur illimité de rencontresDans le quartier de la Duchère à Lyon où il a installé sa Mercerie, Michel Jeannès instille, en sollicitant la participation des habitants autour du bouton, une "dynamique poétique révélatrice de culture commune". Son travail est désormais connu dans le monde entier." (sur le site de l'émission)

Le bouton n'est-il pas un objet de mémoire quand, se séparant d'un vêtement, on ne manque pas d'en garder les boutons ? Pour le souvenir, pour le plaisir, pour resservir. Aucazou ! "Le bouton dans sa fonction de rapprocher deux pans d'un même vêtement" dit l'artiste Michel Jeannès. Un des collectionneurs évoque le bouchon, le boulon et le bouton, chacun de ses trois mots commençant par bout et finissant par on, chaque objet, avec la même utilité de "fermeture/ouverture".

Alors, ce soir, au lieu de compter les moutons…
                                                                            vous pourrez toujours compter vos boutons.

mardi 13 mai 2025

Sur les docks (22) : Oh Kébec…

Cher Simon-Olivier, j'ai entrepris depuis deux mois de remettre en avant plusieurs documentaires de l'émission "Sur les docks" de France Culture (2006-2016), aujourd'hui en voici un provenant de Radio Canada. À l'époque des échanges dans le cadre de la CRPLF (Communauté des Radios Publiques de langue française, aujourd'hui MFP) dans laquelle Radio France était associée (Directrice, Françoise Dost). L'émission s'intitulait "Le Canada, l'hiver comme une initiation" et diffusée le 19 mars 2012. Petit malin, je n'ai pu m'empêcher de titrer mon billet "Oh Kébec…"

Bon, faut te dire Simon-Olivier que le virus du Kébec m'a pris dès l'enfance d'abord par Felix, puis par Gilles et très vite par Robert (1). Quant à l'accent de votre langue française ça me réjouit au point de vouloir enjoué savoir causer… en joual. Mais bon je me contente de l'entendre avec Réjean Ducharme et Charlebois (2), et p'tête un peu avec Pierre Perrault. Le doc commence par un éloge de la neige, alors là je fonds, car ici en Basse-Bretagne la neige a presque définitivement disparu.

"Il neige. Il neige partout dans la maison. Sur les tapis, les plantes, dans les yeux, les joues et surtout sur les dents. Il neige dans le cœur et dans l'âme et dans toutes les fenêtres il neige." (Tu me trouveras peut-être qui dit ça ?) Et puis d'entendre appeler l'aéroport de Montréal "Mirabel" comme son nom d'origine me renvoie à Dorval en 1974…(3) Et puis tiens on reviendrait bien un soir d'hiver avec Claude Léveillée… Ou au Boomtown café avec Abbittibbi.

"Le Québec est l'endroit ou le nord descend le plus au sud sur la planète". 

Il est bon d'entendre Pierre Perrault dire "On a fini par se rendre qu'on existait… [nous les Québécois] de Québékoisie." 

"Le blanc [de la neige] n'a rien à voir avec une absence de sens. Ça a un immense poids." affirme Marc Seguin.

"Pour moi, l'hiver est le lieu privilégié pour apprendre à vivre, apprendre où est la vie réelle un lac gelé c'est un espace extraordinaire d'écriture alors j'ai besoin de l'hiver pour la transformation" dit Hélène Dorion. Et on pourrait passer des heures à écouter chacun dire ses nords, ses froids, ses blancs, ses neiges, ses gels et même ses silences crissants. Et terminer au coin du feu avec Elisapie Isaac, chanteuse Inuit, nous conter Naavvatara… "L'hiver il se déroule au-dessous de nos pieds."

"Ah que l'hiver…", concept, scénario, réalisation et entrevues : Joanne Comte. 
Recherche : Caroline Morin. Radio Canada.

(1) Pis tous les aut' Diane, Ariane, Fabienne, Les Cowboys fringants, Richard Desjardinsitou,

(2) En 2011, l’auteur et sociologue Yves Laberge disait de cette chanson, "S’chut tanné", qu’elle fait «fait littéralement exploser la langue dans un irrésistible tourbillon rythmique ultrarapide. Plus que les mots, ce sont les tournures de phrases (“M’a”, au lieu de “je vais”) et les expressions (“sans connaissance”; “chus tanné”) qui révèlent le parler typique du Québec.»

(3) Qui a tellement tourné sur ma platine,

lundi 12 mai 2025

La série documentaire : les voix du PCF… pénétrables !

Qui l'eut cru ? Le Parti Communiste Français a eu la très bonne idée d'enregistrer ses réunions du Comité Central dès 1952 (et jusqu'en 1994). Anne-Toscane Viudes, productrice à France Culture, a eu elle la très bonne idée, en quatre épisodes, d'évoquer cette mine d'archives sonores qui, pour l'histoire de ce parti politique, comme pour l'histoire tout court, vont permettre aux chercheurs et aux amateurs de comprendre comment cette "institution", le PCF, a marqué de son empreinte le XXè siècle. 

L'immeuble du PCF, place du Colonel Fabien, Paris







"En 2003, Marie-George Buffet, alors secrétaire générale du Parti Communiste Français, dépose les documents du parti aux archives départementales de Seine-Saint-Denis. Ce transfert couronne des années d’échanges et de prises de décision au sein du parti, et intervient dans le moment particulier que représente le tournant des années 2000, où le parti se redéfinit selon une ligne plus réformiste et désireuse de transparence." (sur la page de l'émission). Riche idée de la Secrétaire générale. Deux mille heures d'enregistrements sonores pour couvrir quarante années de vie politique c'est pour le moins un trésor, pour le plus l'occasion de connaître les "coulisses" de cette forteresse politique. Entendre Thorez, (Waldeck) Rochet, Marchais, Hue et Buffet, soit autant de ténors qui, au plus fort de ses succès électoraux comme à ses plus faibles, sont autant d'archives inestimables.

Pour le Parti Communiste la question s'est très vite posée de la gestion de leurs archives, écrites et audiovisuelles. À l'époque les Archives Nationales n'ont pas les moyens d'absorber le stock important et volumineux de leurs archives. Un rapprochement s'établit avec les Archives départementales de Seine-Saint-Denis, à Bobigny. En 2003 est signé une convention qui précise que à partir de cette année-là les archives seraient ouvertes (à tous les publics). Frédérick Genevée, historien, anciennement responsable des archives du Parti communiste français, raconte son parcours au sein du parti depuis les Jeunesses communistes jusqu'à sa fonction d'archiviste "maison". "J'avais la responsabilité politique des archives et de la mémoire du PCF." Et comme le signale Roger Martelli dans le deuxième épisode "Le PCF est populaire par la sociologie de ses membres".

"Il y a des archives du Parti Communiste Français à Moscou…" poursuit Genevée. Un autre fabuleux trésor, quant aux archives de Maurice Thorez elles sont aux Archives nationales. Les archives sonores les plus importantes sont celles du Comité Central et des réunions de travail. Sont aussi enregistrés des disques de discours de dirigeants. Quelle mine ! Mais c'est à partir des années 2010 que les supports audiovisuels ont véritablement été pris en compte par les archivistes.

Maurice Thorez. ©Getty-Bettmann








Zoé Grumberg, historienne, agrégée et docteure en histoire, évoque son entrée dans l'histoire par le sensible. "L'oralité en particulier sur des archives qui peuvent paraître très sèches, les archives politiques qu'on tend à caricaturer, peuvent permettre de faire une histoire sensible du politique…". Bien vu et approche totalement séduisante.

Toute l'approche archivistique décrite dans ce documentaire, ses modalités d'intervention opérationnelle et ses résultats sont passionnants et montrent tout l'intérêt des archives comme celui de leur analyse (description) et de leur indexation. "C'est un travail qui implique plusieurs professions et des rapports humains très précieux" explique Zoé Grumberg. Comme le précise Jean Vigreux "Avec ces archives [du PCF] c'est une volonté de sortir du secret"… Et Martelli "Ces archives substituent surtout “la chaleur de l’affectif à la froideur de l’analyse politique”. (1)

Quant au bilan positif

(1) Avec un de ses points de vue sur son blog de Mediapart.

Du 12 au 15 mai 2025. Réalisation Anne Fleury.

Plateformisation : une forme de chloroformisation de la radio…

Le verbiage à Radio France est phénoménal. Il y a quelques jours Madame Sibyle Veil, Pédégère de Radio France, écrivait une lettre de huit pages au personnel. Dans celle-ci elle écrit : "Nous voyons se préciser des enjeux qui nous sont plus spécifiques comme le recul lent de l’écoute linéaire de la radio et l’accélération de la transition numérique des usages." Tout en appelant à la rescousse France Inter, France Culture et France Musique pour : "Nos marques radio les plus fortes sont une assise solide et performante pour conquérir des auditeurs plus jeunes et ce sont elles qui doivent porter directement la stratégie jeunesse de Radio France, en continuant de moderniser leurs formats, leurs incarnations et leur distribution notamment sur les réseaux sociaux." Un perpétuel mouvement de balancier pour tenir la diffusion hertzienne et surtout s'engouffrer dans la transition numérique, quoi qu'il en coûte.

© Cindy Lozito


Dans Hyper radio, une "infolettre", tellement trop tendancedont elle a le secret, Radio France publiait vendredi dernier : "Pour suivre la tendance des usages numériques, la radio poursuit, elle aussi, son chemin vers toujours plus de plateformisation." Lire "plus de plateformisation pour moins de radio linéaire". Agitons le hochet de la radio bien en évidence, tout en enfonçant le clou d'une transition numérique, appuyée par un projet industriel qui ne veut pas dire son nom.

Quant aux rédactrices et rédacteurs de cette "infolettre" (Sofiane, Mike, Iniz, Thomas, Matthieu) ils n'ont plus les mots pour évoquer le "transistor" quand ils écrivent "le retour des récepteurs radios", évoquant la panne électrique géante en Espagne et au Portugal. On a pour l'instant échappé au "récepteur audio" mais gageons que, tout au tard, le mot accompagnera les faits… et les usages.

Plateformisation, industrialisation, chloroformisation… L'"isation" a de beaux jours devant elle ! (Prochainement nous verrons les mots : uniformisation, féminisation, télévisation (sic)…

dimanche 11 mai 2025

Élodie Maillot : disco… on the road again !

Bon alors c'est La Série Documentaire, c'est à 17h du lundi au jeudi sur France Culture, c'est quelquefois rafraîchissant et d'autres fois, quand on connaît les affinités électives et musicales de la productrice, on peut se caler dans un bon fauteuil et savourer une heure de swing à venir. C'est le cas d'Élodie Maillot qui, sans monter sur la table comme une palanquée de rock-critics masculins, fait le job aux petits oignons. Tant mieux qu'LSD ose encore, en plein milieu d'après-midi, envoyer une heure de musique et d'histoires savantes (1). Oui car Maillot est une savante et chacun de ses documentaires musicaux continue inlassablement de creuser le sillon de l'histoire de la musique. Lets go ! Four on the floor…




"Bien avant de devenir une musique de discothèque, la disco est avant tout une histoire, celle des marges oubliées de l’Amérique des années 70, qui vont converger pour faire la fête et faire entrer l’Amérique dans l’ère de la diversité" (in, la page de l'émission) Maillot sait parfaitement contextualiser, quitte à remonter loin dans le temps, pour comprendre comment à la fin des années 70 le disco va s'imposer… par dessus tout. Et ce dès le vendredi soir, bien avant la fièvre du samedi (soir).

À cette période le disco ne me faisait pas beaucoup plus d'effet que celui d'aller s'"exprimer" en discothèque, sauf que je n'allais pas en discothèque, déjà accro à la pop, à la folk et au rock. Mais j'aime le rythme et 120 bpm (battements par minutes) me donnent envie de bouger, je n'oserai pas dire de danser. Et les premières minutes du doc d'Élodie Maillot ont eu cet effet d'un retour immédiat sur l'époque (qui bouge). Défilent alors, au même rythme "irrésistible", les lieux, les événements, les clichés et autres souvenirs teintés encore d'un petit peu d'insouciance.

Et puis j'aime assez pour me raconter des histoires qu'on remonte aux sources. Celles de "Soul makossa" de Manu Dibango ou celles du "Club 54" à New-York. Ces énergies (d'avant le sida) en ondes de choc sur toute la planète disent forcément quelque chose d'un entre-deux. Les utopies hippies et communautaires enterrées à la fin des années 60 et, le virage libéral des années Reagan du début des années 80 ou le mouvement punk avant la fin des années 70.

(1) "Discothérapie", France Culture, du lundi 5 au jeudi 8 mai 2025, réalisé par Thomas Dutter. Si vous écoutez le doc à partir des pages de programmes journalières, vous l'entendrez en 4 X 1h, si vous l'écoutez sur la page LSD, il est découpé en huit épisodes.

samedi 10 mai 2025

Maspero-Borzeix : Le bon plaisir…

Remettons d'abord l'église au milieu du village. En 1984, Jean-Marie Borzeix, à peine nommé Directeur de France Culture (1984-1997) cogite avec François Maspero (1932-2015), écrivain,  ce qui deviendra "Le bon plaisir". Ce long programme (jusqu'à 3h30) du samedi après-midi proposait à une personnalité de réunir auprès d'elle, ses amis, ses affinités, quelques témoignages et surtout de tisser un parcours de vie personnel ou professionnel… À quelques jours, contraint et forcé, de quitter le navire, Borzeix, écrivait dans Le Débat (n° 95/1997) que cette émission dépassait déjà les cinq-cent "épisodes"… Las, Gélinet Directeur (1997-1999) tailla dans le lard et imposa une durée de deux heures à ce programme. Laure Adler, Directrice (1999-2005) le décima et il en fut finit du bon plaisir d'écouter France Culture le samedi après-midi…

André S. Labarthe 1931-2018










Ce samedi matin, aux aurores, Albane Penaranda, productrice des Nuits de France Culture, nous a proposé la réécoute du "Bon plaisir d'André S. Labarthe"… Qui aime le cinéma et les cinéastes va se régaler. Et je me suis régalé. Puis je me suis demandé si une telle émission pourrait encore exister aujourd'hui ? Il est bon de rappeler que c'est Arnaud Ténèze, ancien Directeur artistique à l'ORTF, qui à la demande de Michel Boyon, Pdg de Radio France (1995-1999), établit un rapport sur France Culture. Le dit rapport y allait à la serpe. Terminées les émissions de plus d'une heure et préconisation de s'en tenir le plus possible au direct. Laure Adler ne manqua pas d'en appliquer les fondements.

Exister aujourd'hui ? Trois heures trente, non mais allo quoi ? L'équivalent d'un siècle à la mesure de Tik & Tok. À écouter comment ? Dans les transports en commun ? En plusieurs fois ? Au risque de perdre le fil ? À moins que les apprentis sorciers du charcutage (et du clic) ne décident d'en faire six épisodes de chacun 30'. Bonjour les galères des coupes en plein dialogue. Quant aux annonces et désannonces de chaque épisode, de quoi rompre définitivement avec une nécessaire fluidité.

Et pourquoi, alors, ne pas le samedi après midi s'installer dans son fauteuil, son canap' ou son transat et (re)trouver le bon plaisir de la longue durée, du temps allongé (à rebours du temps perpétuellement émietté) ? D'une pause si salutaire dans ces temps agités. Et surtout de résister à la tyrannie du temps compressé, efficace, normé, standardisé.

Merci aux Nuits de France Culture de nous donner ces respirations débridées, essentielles à notre survie radiophonique.

jeudi 8 mai 2025

Sur les docks (21) : La guerre d'Algérie, vingt cinq ans après - La bataille d'Alger, 1957…

Il convient d'abord de préciser que ce doc fait partie d'une série de 10 épisodes (celui-ci est le quatrième) de Patrice Gélinet (producteur) et de Christine Bernard-Sugy, diffusée dans la grille d'été de France Culture (du 10 août au 23 août 1987)… "Dans cette relation sonore de la bataille d'Alger, il est question des poseuses de bombes, des paras et de ceux que l’on appelait les bleus de chauffe… La mort de Ben M'HIDI, l'affaire Audin, la pratique de la torture, le casino de la corniche, la mission secrète de Germaine Tillion, l'arrestation de Yacef SAADI, la mort d'Ali la Pointe… Tous ces évènements, si loin de nous et pourtant advenus il y a un peu plus de cinquante ans, sont restitués ici, au cœur de la casbah, avec une immédiateté saisissante.Ce documentaire (quatrième d'une série de dix documentaires consacrés à la guerre d’Algérie) est composé de montages d'archives sonores, d'entretiens et de lectures, et illustré d'improvisations du percussionniste Naït Issad." (1)

Affiche du film La Bataille d'Alger
Affiche du film de Gilles Pontecorvo
















Gélinet se rend sur place à Alger pour produire ce documentaire. Où l'on découvre l'appellation "bleus de chauffe" des anciens membres du FLN qui sont retournés et engagés par l'armée française pour tenter de prendre le contrôle de la casbah. Dans le même temps Germaine Tillon animait une commission d'enquête internationale sur les lieux de détention en Algérie, à ce titre elle rencontre Yacef Saadi (chef FLN en 1957 pour la zone autonome d'Alger). 

Archive radio de la RTF qui annonce l'arrestation de Saadi… Et Gélinet fait parler le Général Massu pour évoquer la torture. Celui-ci après un long discours rhétorique la reconnaît du bout des lèvres. "Après la mise à l'écart du vieux chef nationaliste Messali Hadj, créateur du MNA, après l'arrestation de Ben Bella en 1956 et la mort d'Abam Ramdane le nationalisme algérien n'aura donc pas son Néru, son Hô Chi Minh ou son Bourguiba. La révolution algérienne est une Révolution sans tête" formule Gélinet.  Omar Oussedik, militant du Parti du peuple algérien, d'affirmer "Nous n'aimons pas le culte de la personnalité. Il y a un proverbe qui dit : "Qui veut diriger se mette à la tête" ce qui veut dire "Qu'il soit le premier à affronter le danger".

Ce documentaire du 13 août 1987, très détaillé, donne envie d'écouter les dix épisodes, actuellement non disponibles sur France Culture.

(1) Présentation sur la page de l'émission.