Jean Yanne il est beau et… gentil

 
Cela faisait un moment que je voulais revoir le premier film de Jean Yanne, parodie de la radio des années 70 (1972), critique de la pub et des pouvoirs et grosse tartine sur le revival de Jésus : «Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil». Je me souvenais que le film avait été tourné dans les studios de RTL (avec quelques techniciens et journalistes dans leur propre rôle). Le film (un nanard on devait dire non ?) a permis à Jean Yanne de régler ses comptes avec la radio et de se faire plaisir.
 
Mais, dans ce grand n’importe quoi je voulais guetter l’apparition plus que fugitive de Gérard Sire (1), qui co-signe le scénario. Il apparaît au rez-de-chaussée de la Maison ronde (siglée ORTF) et signifie à Yanne, qu’ici, il n’y aura pas de boulot pour lui ! C’est dérisoire, mais ce p’tit moment-là montre aussi la grande complicité entre les deux compères.
 
En février 2011, Rue 89 a publié un «papier» titré «RTL, première radio de France dans un monde de brutes» (2). Avide, je jette mes deux yeux sur l’article… et je découvre «l’Esprit RTL », un peu paternaliste, un peu bon enfant, un peu protectionniste et jaloux de ses stars internes, qu’on cajole pour qu’elles ne courent pas à la concurrence. Jacques Pradel (transfuge d’Europe 1) de dire «C’est vrai qu’ici au moins, on a l’impression de tous tirer dans le même sens. Il n’y a pas de coups bas et de paroles à double sens. Il n’y a ni chapelle, ni château fort.» Pas trop de mal à imaginer de quoi il parle !
 
L’esprit «maison» cela existe t-il encore dans des radios où à coup de budgets colossaux on met en avant les stars et on relègue les soutiers à l’anonymat le plus total ? France-Inter avec l’Oreille en coin –une radio dans la radio- et Alain Veinstein avec « ses » Nuits Magnétiques avaient inventé un esprit de «famille», je dirais même un véritable esprit d’équipe. Aujourd’hui qu’en est-il des équipes quand l’individu s’expose/s’impose ? Quant à l’esprit… où peut-il bien courir ? À l’abri des interférences médiatiques, politiques et économiques ?  Sur d’autres ondes… mais, pour celles-ci, n’en a t-on pas définitivement perdu la fréquence ?
 
(1) Homme de radio, 1927-1977,
(2) Ici