Interdit d'antenne… sur Radio Pirate

Oups, qu'est ce qu'on a loupé de l'automne 1975 à l'automne 1977 à ne pas écouter France Musique, sans s, mais qui avait pris le parti du spectre le plus large pour sortir cette radio de "la musique de la bourgeoisie" (dixit Louis Dandrel, son ex rédacteur en chef (sic)). L'écouter ce matin c'est mesurer comment un inventeur-fédérateur peut "créer une autre radio" (1) et déranger, même en musique, les pouvoirs ou les rites empesés établis. Les années Giscard plombaient la vie et plombaient aussi la musique.

Ce qui est précieux d'entendre dans les propos de Dandrel c'est qu'il insiste pour " un projet global partagé à faire de la radio, aussi…". Comprendre : ne pas seulement diffuser de la musique ! Et à entendre les noms des producteurs qui participaient à la "révolution" (2) on peut imaginer la belle fabrique joyeuse ou La Belle Équipe tendance coopérative du Front populaire : avec Jean-Pierre Lentin (Actuel, le mensuel de Jean-François Bizot), Jacques Erwan, Rémy Kolpa-Kopoul (futur radio nova), Pierre Lattès (France Inter)… "on fonçait comme des dingues !".

Dandrel, le "fondu de radio", est libre (3) quand il prend ses fonctions, nommé par Jacqueline Baudrier, première présidente de Radio France et qui l'a soutenu "autant qu'il était possible" jusqu'à que n'ayant plus la signature pour engager son programme il démissionne dans l'heure qui suit comme "interdit d'antenne… sur Radio Pirate"… (4)

Une très belle parenthèse dans la cosmogonie des ondes la  leçon de radio et de… musique. Merci Louis Dandrel.

(1) Un peu comme Garetto et Codou avec l'Oreille en coin (Inter), 1968-1990

(2) "Ce n'est pas France Musique qui changeait, c'est la musique qui avait changé" Louis Dandrel 

(3) "Il faut péter les idoles…" 
(4) Conclusion d'un texte de Chris Marker