"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
mardi 16 octobre 2012
Giono/Amrouche…
Début août 1987. Je sors de chez le réparateur de mon transistor gris. Il est environ 13h. Je tourne la molette. De la minuscule enceinte sort alors une voix. Une voix à l'accent de Provence. Une voix que je ne connais pas, que je n'ai jamais entendue. Mais j'en suis sûr c'est la voix de Jean Giono. Mais quelle est donc cette radio qui diffuse du Giono à cette heure-là ? Pas France Inter c'est les sacro-saintes infos ! Je file à la Maison de la Presse, j'achète Télérama (si ! si!) et je compulse fébrilement les pages du programme radio…
Dans mon souvenir l'émission commençait à 12h50 et finissait à 13h20 ! C'était la grille d'été de France Culture avec quelques rediffusions. Celle-ci concernait les entretiens que Jean Giono avait donnés à Jean Amrouche et Marguerite Taos à l'été 1952. Si Giono n'a jamais truffé ses romans d'objets de la modernité comme la radio, il se plie volontiers au questionnaire de Jean Amrouche. Quelques temps plus tard Marguerite Taos seule, interviewera Giono qui sera plus à l'aise pour répondre même si Taos est assez invraisemblable et assez en décalage avec le poète de Provence (1).
Voilà donc mes chers auditeurs comment Giono, qui a bouleversé mon adolescence avec son road-movie "Les grands chemins", m'a fait entrer en France Culture. C'est à partir de ce moment que petit à petit, et par petites touches,, je vais me laisser apprivoiser par cette radio surprenante, où je ne comprends pas bien toujours tout, et basculer d'une écoute quasi exclusive de France Inter vers cette chaîne qui sait installer la durée, la réflexion et surtout surtout, n'est pas inféodée aux tyranniques infos… Le directeur de la chaîne s'appelait Jean-Marie Borzeix et à la suite d'Yves Jaigu avait su prolonger et développer une exception culturelle dans le paysage radiophonique…
Alors cette entrée aléatoire dans le monde de France Culture a été déterminante aussi pour me faire aimer à jamais la radio par-dessus tout !
(1) Giono ne supportait pas qu'on circonscrive son œuvre à la seule Provence. Ses entretiens (25) avec Taos ont été publié en 5 CD + 1 livret par Phonurgia Nova.
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Bonjour Fañch,
RépondreSupprimerPremiers pas sur France Culture, pour ce qui me concerne, en 1991. A l'écoute d'un numéro des Nuits Magnétiques consacré à la libéralisation de la bande FM dix ans plus tôt.
Donc finalement, c'est l'amour de la radio qui m'a amené à France Culture, et non l'inverse.
L'écoute de ces voix qui semblaient avoir le temps
RépondreSupprimercomme celle de Francesca Piolot ("La vie comme elle va" qui m'a saisi dans la voiture, lors d'un long trajet que je n'ai pas vu passer) ou celles de la nuit qui donnaient envie de sécher ... le lit.
La bonne humeur non frénétique (ni sur commande) des décraqués ou des papous dans la tête.
...
Un peu le passé
car ces temps-ci,
la magie disparaît un peu et
ces voix, peu starisées, font place souvent à celle des maîtres explicateurs qui semblent parfois en mission commandée.
Heureusement les rediffusions (et la possibilité de les différer)
continuent à ouvrir des accès vers ... Giono encore (même si c'est pour l'entendre renier* un de ses textes les plus forts "Je ne peux pas oublier - Refus d'obéissance".
___
* Entretien avec Pierre Lhoste Avril 1968 « …C’est une erreur de jeunesse, une exaspération de violence … »)
Bonsoir, votre commentaire s'était perdu dans les spams ! Bigre ! Je partage vos points de vue ! Giono a aussi eu ses périodes d'auto-renonciation ou d'auto-révision ! Lisez le "Giono furioso" d'Emmanuelle Lambert (Stock) et ceci en libre accès https://it4v7.interactiv-doc.fr/html/giono_hs_bassedef_567
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