dimanche 14 octobre 2012

Sans fioriture… Julien Delli-Fiori








Je pourrai vous le faire genre "Je rentre de Cuba (île Atlantique) où j'ai pu rencontrer Julien Delli-Fiori le charmant directeur de Fip. Autour d'un mojito bien tassé, nous avons parlé et écouté tant et tant de musique afro-cubaine…" Je ne vais pas vous raconter de craques, il y a une dizaine de jours j'ai préféré ne pas déranger JDF pendant ses vacances sur une île atlantique (qui n'est pas Cuba) et l'interviewer au téléphone mardi dernier…

Radio Fañch : Vos débuts à la radio…
Julien Delli-Fiori : C'était un mois après la création de France Inter Paris (Fip aujourd'hui), en février 1971, comme programmateur. J'étais avant l'assistant de Pierre Bachelet (68/69) qui faisait de l'illustration sonore pour l'émission (mythique) de la télévision "Dim Dam Dom" et je venais régulièrement à la discothèque de Radio France chercher la musique utile aux créations de Bachelet. J'ai fini par croiser une programmatrice du projet Fip de Jean Garretto et Pierre Codou, j'ai proposé un programme et j'ai été embauché. Aujourd'hui après 42 ans de maison, je peux dire que ce fût le plus beau jour de ma vie. Vivre en marge du monde, en coulisse des plus grands musiciens : un rêve. Être payé pour écouter des disques, aller au concert et rencontrer les artistes reste toujours pour moi un véritable enchantement, et je ne suis pas prêt d'en être blasé.

R.F. : Un souvenir plus personnel de Jean Garretto…
J.D.F. : À "la scène comme à l'écran" il était comme dans la vie : élégant, class, avec un jugement incroyable, à l'écoute, pas frimeur, foudroyant d'exemplarité. Il représentait le service public à 100%. Aucun autre directeur n'a eu comme lui le courage, l'audace et la liberté de mettre "légèrement" de côté les "barons" d'Inter (1) quand il était directeur des programmes, de "casser" les grilles (et les programmes qui vont avec).

RF : Rappelez-nous ce qui a présidé au cocktail explosif Clémentine Célarié/Julien Delli-Fiori l'après-midi sur France Inter.
J.D.F. : C'était ça le talent de Garretto et Codou, inventer des associations à priori improbables. Garretto était un timide introverti et il écoutait beaucoup, ce qui l'a fait repérer des gens en retrait. Il a aimé mes programmes pour Fip. Mais moi je n'ai jamais voulu faire de micro. Notre émission avec Clémentine c'était extravaguant, et c'était ça le génie de Garretto.

R.F. : Le jazz vous transporte plus que d'autres musiques non ?
J.D.F. : Oui car avec le jazz c'est infini. Les époques, les formations, les instruments… Jazz à Fip existe depuis 1982, encouragé par Jean Garretto (2). Mais j'aime aussi beaucoup la musique afro-cubaine. Notre singularité à Fip c'est de proposer plusieurs fois par heure des instrumentaux de quelques genres qu'ils soient. C'est notre marque de fabrique.

R.F. : Dans l'une de vos émissions d'Inter vous m'avez fait découvrir Lucio Dalla. Vous m'avez confié récemment que, décédé le 29 février, vous n'avez pu aller à son enterrement à Bologne mais l'avez suivi à distance.
J.D.F. Lucio était, à l'origine, clarinettiste et saxophoniste de jazz. Il a aussi fait des sketches et de la comédie. C'était un improvisateur qui avait l'art de la scène en lui. Pour ces funérailles c'était comme pour Pavarotti (à Bologne aussi), une foule immense qui reprend plusieurs de ces chansons. Absolument époustouflant.

R.F. Vous n'êtes pas frustré de ne plus faire de quotidienne ou d'hebdo depuis que vous dirigez Fip ?
J.D.F. : Si ! Je m'autorise un "Jazz à Fip" de temps en temps. Il y a des rencontres incroyables, un invité que l'on admire, j'adore ça. Mais c'est un piège aussi. L'histoire de Fip continue et on ne peut pas être juge et partie. La règle formelle c'est que les directeurs n'ont n'a pas le droit (statutairement) de faire de l'antenne !

R.F. Le feuilleton des 40 ans de Fip "Vous avez loupé Marie-Martine" réalisé par Gilles Davidas n'est plus accessible en intégralité sur le site de la chaîne. Pourriez-vous faire quelque chose pour y remédier ?
J.D.F. Je vais regarder ça !

R.F. Vous venez de prendre des vacances en Bretagne mais vous ne retournez jamais en Italie ?
J.D.F. Si, mais l'Italie c'est une scarlatine ! (Rires)

Voilà mes chers auditeurs, la conversation commencée avec Julien commencée le 4 septembre au 22ème étage de la tour de Radio France, a pu prendre "fin" ce 9 octobre. Merci beaucoup à Julien Delli-Fiori d'avoir accepté avec simplicité et modestie d'évoquer quelques souvenirs de radio. Ce n'est qu'un début, nous sommes convenus de nous revoir…

Avec Fip on est toujours surpris, ce dimanche alors que je retranscris l'interview ci-dessus, à 13h58, Genesis et "The lamb lies down on Broadway" et à 15h "Echoes" des Pink Floyd, enchaînement avec Archive "Stick me in my heart"… Quelle autre radio peut faire ça sans en faire tout un fromage ?

(1) José Artur, Pierre Bouteiller, Jacques Chancel, Claude Villers,
(2) Ècouter le "Jazz à Fip spécial hommage à Jean Garretto.

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