lundi 22 octobre 2012

La voix-ci, la voix-là…











"La voix c'est un diamant, une carte d'identité, un passeport, un paysage…" disait Jacques Chancel dans l'émission de Caroline Ostermann que vous pourrez écouter ci-dessous. "La voix est beaucoup plus mystérieuse qu'un visage" ajoute t-il. Cette belle phrase pourrait-elle être écrite sur la façade gigantesque de la Maison de la radio ? Là, pour inciter, définitivement, à l'écoute plutôt qu'au voir. Chancel se souvient de Stephane Pizella (1) "romanesque, romantique, une voix particulière qui me faisait rêver" (2). 

"On écoute seul, le bonheur n'est pas partagé à la radio" disait-il aussi. Cette pensée serait-elle déjà datée, quand l'époque va au partage à tout prix ? Et au partage de la radio surtout s'il peut s'appuyer sur des images. Joël Ronez, directeur des Nouveaux médias à Radio France, affirmait il y a quelques jours "Si la radio veut rester compétitive elle doit remplir les écrans que les auditeurs ont tous les jours entre les mains".  

À propos de la prédominance de l'image qui minore la voix et par là même la parole, "les journalistes de la radio ont intériorisé cette propre infériorité" nous dit Jean-Claude Guillebaud dans l'émission d'Ostermann. "Pourtant la parole est plus proche de l'écrit que de l'image". "C'est justement parce qu'il nous manque l'image que la radio est forte. Ce n'est pas seulement un média c'est aussi un art", ajoute Guillebaud. "Le pouvoir d'intimidation de la télévision a beaucoup joué dans un mauvais sens sur les journalistes et producteurs de radio." La messe est dite, merci pour votre analyse pertinente Jean-Claude Guillebaud.

Radio France à partir de sa riche discothèque a créé Radio Vinyle alors que la dématérialisation du son galopante nous empêchera demain d'utiliser chaîne hi-fi, magnétophone, lecteur CD et tutti quanti. De la même façon Radio France pourrait-elle s'imposer de produire des émissions exclusivement dévolues à la seule voix en même temps que les émissions multimédia ?  À la marche effrénée vers le progrès du "tout image" pourrait-on raison garder et continuer à développer l'identité de la nature même de la radio qu'est le son ? Il en va de la responsabilité de la radio publique qui doit savoir exister entre son ADN et les innovations technologiques présentes et à venir.

L'image qui illustre ce billet est celle de Claude Dominique, femme et voix de radio, qui a fait les très belles heures de L'Oreille en coin, sur France Inter.

(1) "Les nuits du bout du monde", programme parisien 1950, puis sur France Inter 1964,
(2) Comme beaucoup d'autres d'auditeurs ont du rêver… tels Pierre Lescure ou Daniel Mermet.

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