jeudi 4 octobre 2012

Radio caméléon…








Ce titre n'est pas de moi mais de Pascal Mouneyres, journaliste aux Inrockuptibles, qui dans son papier d'hier (1) constate que "les stations hertziennes ont compris le bénéfice à tirer du monde numérique. Jusqu'à changer la face de la radio ?"

Bigre "la face de la radio" ? Voyons voir ! "Les professionnels de la radio n'ont pas inventé, voire pensé ces évolutions. Les supports numériques comme Twitter ou Facebook se sont greffés à la radio, tout comme le podcast qui n'avait pas été appréhendé par le secteur puisqu'il émanait des pratiques amateurs." (2) Mais, cette présence de la radio sur les réseaux sociaux, pour quoi faire ? Amplifier l'audience ? Installer une "renommée" ? Être dans l'air du temps  ?

Mouneyres suggère qu'il sagirait d' "Être visible "dans la vraie vie" davantage qu'écouté : fortes de ce credo ambigu, nombre de stations n"hésitent pas à afficher les signes de leur appartenance à une époque trépidante…" La radio visible : patatrac, voilà la belle affaire qui va très vite "accrocher" le filmage (3) et qui va sans doute laisser dubitatif plus d'un auditeur.

Mouneyres affirme que "le nombre de followers compte autant que l'audience" (4). Les émissions nourrissent autant leurs auditeurs que ceux-ci les alimentent" et Gago d'enfoncer le clou "Ces supports d'interaction transforment, voire amplifient la construction des communautés radiophoniques". Mais pour quoi faire sinon des commentaires, des discussions, ou autres échanges instantanés qui surabondent ou surinvestissent l'émission, le producteur ou la chaîne elle-même ? Cette interactivité participe du mouvement radio mais au final permet-elle une augmentation de l'écoute ? Ou donne t-elle envie d'écouter la radio le soir ou en fin de semaine ? (5)

En conclusion de son article Mouneyres évoque le rêve d'une forme jamais esquissée : le webdocumentaire sonore. Cela existe déjà sur les webradios et je me demande si France Culture n'a pas déjà proposé sur l'un ou l'autre de ses sites d'émissions des compléments de documentaires à écouter sur le web ? Dans tous les cas Twitter est un indéniable outil de promotion.

Mais c'est avec une affirmation bien sentie au début de son papier que j'ai envie de conclure le billet de ce jour "Entre intérêts bien sentis, soif d'instantané et souplesse accrue, la radio a dépassé la télévision dans sa quête de modernité". Fermez le ban ! (6)
(à suivre)

(1) Les Inrockuptibles, n°879, du 3 octobre 2012,
(2) Laurent Gago, chercheur en sciences de l'information et de la communication à Paris III, in opus cité,
(3) Le producteur, ici Alexandre Heraud, sait qu'il est filmé (même si le dispositif est léger), joue son propre rôle et compose différentes situations de travail,… Et c'est ça qui donnerait envie d'écouter la radio ?
(4) Followers = personnes qui suivent un compte particulier (une personnalité, une émission de TV, un titre de presse, un anonyme spécialiste du poisson, ou un blogueur spécialiste de radio…) 
(5) Pour autre chose que des émissions de libre-antenne, 
(6° Et Mouneyres ne nous a rien dit du live-tweet dont un chantre du fait, Frédéric Martel (Soft Power sur France Culture) use dans chacune de ses émissions depuis au moins trois saisons.

4 commentaires:

  1. Jean-Guy Coulange4 octobre 2012 à 09:18

    " ...En conclusion de son article Mouneyres évoque le rêve d'une forme jamais esquissée : le webdocumentaire sonore."

    Et si on inventait déjà le documentaire sonore tout court ?

    RépondreSupprimer
  2. "la radio a dépassé la télévision dans sa quête de modernité"...oui la télévision est ringarde et si j'excepte certaines émissions d'arte dignes de ce nom ( spectacles en direct de danse musique etc...ou par exemple 28minutes qui s'appuie sur les réseaux sociaux) il est évident que la télévision a tout manqué, focalisée qu'elle est sur une conception vieillie de l'usage du monde dans des domaines tels que l'info et le spectacle.Ce qui aurait pu être pensé comme outil culturel est resté à l'état de jachère et les herbes folles se sont installées sur le terrain de l'image. Il n'est pas étonnant que la radio, plus pertinente en termes d'imaginaire ait noué un lien fécond avec les réseaux sociaux et par là-même avec la génération montante (bon là je me tire une balle dans le pied vu mon âge mais passons).
    Le running-gag des guignols de l'info à propos de la télé "vous regardez l'ancêtre d'internet" est totalement fondé et vérifié y compris pour Canal d'ailleurs.
    Que les professionnels de la radio n'aient pas pensé ces évolutions m'apparaît comme rassurant.Savoir que les acteurs du net aient pu permettre à la radio de s'approprier ces outils est une bonne chose et là il faut tout de même saluer- sans flagornerie aucune - le travail précurseur de Silvain Gire et de Christophe Rault qui ont construit un réseau pertinent d'auditeurs sur le net avec Arteradio.
    Mieux, la mise en place des audioblogs (avec je crois à ce moment-là la complicité de Thomas Baumgartner) a permis à des auditeurs lambda (j'en suis) de se mesurer avec la prise de son ou la création sonore et nombre de vrais talents ( Chloé Sanchez, Léa Minod et bien d'autres) ont conquis les ondes via le web grâce à des initiatives de ce genre.
    Que la "face" de la radio ait changé c'est indéniable et tant mieux. Je pense que sans cette belle alchimie la vie des ondes ne serait pas aussi belle.
    Je veux terminer en évoquant la belle "Tentative d'épuisement littéraire d'un lieu parisien" proposée par Thomas Baumgartner qui a pu exister sous cette forme grâce à sa parfaite maîtrise du sujet (radio et réseaux sociaux conjugués).
    Signé: un amoureux de la radio d'aujourd'hui comme de celle d'hier.

    RépondreSupprimer
  3. Cher Mister Fanch,
    merci pour votre lecture. Tout à fait d'accord avec les questions que vous vous posez, le but de l'article étant de les voir émerger. Juste une précision cependant au sujet du webdoc en conclusion du papier - et je pense ne pas avoir été assez clair, mais là c'est vraiment une question de place. Il ne s'agissait pas dans mon esprit et celui de Thomas Baumgartner de "documentaire sur le web", tels qu'il en existe par exemple sur Arteradio. Mais bien de webdoc utilisant le potentiel du net pour jouer du son comme d'une superstructure tel qu'on le voit avec les images sur des webdocs comme Prison Valley ou prochainement Alma ,une enfant de la violence sur Arte.fr. Une idée ambitieuse et je pense jamais tentée, que quelqu'une comme TB serait bien capable de mener à bien, le bougre...
    Signé "Mouneyres" Pascal

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cher Pascal, merci de cette précision pour nos lecteurs et pour moi ! Quant au bougre, oui il en serait bien capable. C'est là sans doute que la mutation est à attendre…

      Supprimer